BFMTV
Police-Justice

Etrangers bientôt jugés à Roissy: le Défenseur des droits s'autosaisit

Une vue de l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle

Une vue de l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle - ERIC PIERMONT / AFP

Dès la rentrée, des audiences du tribunal de Bobigny statuant sur le sort des étrangers qui n'ont pas été admis à entrer sur le territoire français se tiendront au bord des pistes.

Le Défenseur des droits s'est saisi "d'office" lundi pour se pencher sur la question de l'ouverture prochaine d'une annexe du tribunal de Bobigny à l'aéroport parisien de Roissy afin de juger des étrangers non admis sur le territoire.

A partir de septembre, des audiences du tribunal de Bobigny statuant sur le sort des étrangers qui n'ont pas été admis à entrer sur le territoire français et conduits dans la "zone d'attente pour les personnes maintenues en instance" (Zapi) se tiendront au bord des pistes. Elles auront lieu dans une salle attenante à cette Zapi. 

"Face à la prochaine délocalisation des audiences des personnes étrangères à Roissy, le Défenseur des droits se saisit d'office", annonce-t-il sur Twitter. "Afin de vérifier les conditions dans lesquelles les droits procéduraux des personnes jugées pourraient être garantis" et "afin de s'assurer que les conditions pour garantir la publicité des débats judiciaires et l'égalité des armes soient réunies", poursuit Jacques Toubon. 

Il rappelle que "pour disposer d'un recours effectif, toute personne doit disposer du temps et des facilités nécessaires pour préparer sa défense", et que "l'éloignement géographique peut être une atteinte à cette exigence en raison des déplacements des personnes en charge de la défense".

"Opposition" des juristes

Plusieurs associations avaient déjà réclamé en avril l'abandon de ce projet et mardi, les barreaux de Bobigny et Paris ont dénoncé la mise en oeuvre d'un projet "pourtant largement contesté et repoussé depuis des années en raison des multiples atteintes au droit de la défense", déplorant "la création d'une justice d'exception, loin du regard, du public et des avocats". Une délégation composée du bâtonnier de Seine-Saint-Denis, de membres du conseil de l'ordre du barreau et de représentants de la profession s'est rendue lundi sur place "afin de réaffirmer son opposition".

Chaque année, plus de 6.000 étrangers sont conduits dans la Zapi de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, un vaste complexe hôtelier au bord des pistes, où ils peuvent être maintenus jusqu'à 20 jours à partir de la notification de refus d'entrée sur le territoire français délivrée par la police aux frontières.

Après quatre jours de maintien administratif, le juge des libertés et de la détention est appelé à se prononcer. Il peut prolonger cette mesure privative de liberté de huit jours, renouvelable une fois, le temps pour l'administration d'évaluer si, par exemple, la demande d'asile de la personne est recevable. Si elle ne l'est pas, l'étranger est alors renvoyé dans son pays.

Xavier Allain avec AFP