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Police-Justice

Escroquerie au "faux Le Drian": 7 et 11 ans de prison ferme

Gilbert Chikli et Anthony Lasarevitsch à leur procès le 4 février 2020, à Paris.

Gilbert Chikli et Anthony Lasarevitsch à leur procès le 4 février 2020, à Paris. - BENOIT PEYRUCQ / AFP

Le tribunal correctionnel de Paris a rendu son jugement: 7 et 11 ans de prison pour les deux principaux prévenus du procès de l'arnaque au "faux Le Drian". Une peine moins lourde que requise par la procureure.

Le tribunal correctionnel de Paris a condamné mercredi à 7 et 11 ans d'emprisonnement deux hommes, considérés comme les cerveaux d'une escroquerie qui a consisté à se faire passer pour le ministre Jean-Yves Le Drian auprès de riches personnalités.

Gilbert Chikli, 54 ans, a été condamné le plus lourdement, avec une peine de 10 ans à laquelle s'ajoute une peine complémentaire d'un an pour "prise du nom d'un tiers". Il a aussi été condamné à deux millions d'euros d'amende. "C'est un scandale, s'est-il emporté. Vous devriez avoir honte!" Son coprévenu de 35 ans, Anthony Lasarevitsch, a, lui, été condamné à 7 ans d'emprisonnement et à une amende de un million d'euros.

Une arnaque de 55 millions d'euros

Le tribunal a considéré que ces deux hommes, qui ont vigoureusement contesté les faits pendant leur procès en février, étaient bien derrière une vaste arnaque qui a coûté 55 millions d'euros à trois personnes.

L'escroquerie a consisté, entre 2015 et 2017, à appeler des personnalités, en se présentant comme Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense. Les escrocs demandaient une aide financière d'urgence pour des opérations secrètes de l'Etat français - lutte contre le terrorisme ou libération d'otages en Syrie - tout en promettant un remboursement immédiat de la Banque de France.

Dans certains cas, ils n'ont pas hésité à organiser des vidéoconférences, enfilant un costume et un masque du ministre et s'asseyant derrière un bureau soi-disant installé dans le sous-sol du ministère.

Une peine en deçà des réquisitions 

Les enquêteurs ont listé plus de 150 personnes et organisations contactées: le roi du Maroc, le président du Gabon, les patrons de Total et de Vinci, les Apprentis d'Auteuil ou encore l'archevêque de Paris. Mais le tribunal est resté en deçà des réquisitions de la procureure, qui demandait lors du procès 10 et 14 ans de prison et deux millions d'euros d'amende à l'encontre de ce "duo". 

Gilbert Chikli est connu de la justice française comme un pionnier de l'escroquerie dite au "faux président", selon laquelle un usurpateur se fait passer au téléphone pour un patron auprès de ses salariés, dans le but de se faire transférer de l'argent. En 2015, il avait déjà été condamné, alors qu'il était en fuite en Israël, à sept ans de prison pour avoir escroqué plusieurs grandes entreprises. Son histoire a inspiré un film sorti la même année, Je compte sur vous, de Pascal Elbé.

Domitille Lehman, avec AFP