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Police-Justice

Eric Woerth entendu à son ministère dans l'affaire Bettencourt

Le ministre du Travail, Eric Woerth, a été entendu comme témoin par la police dans l'un des volets de l'affaire Bettencourt. Entamé avant 9h00, l'interrogatoire s'est tenu au ministère à Paris (photo) et non au siège de la Brigade financière et s'est ache

Le ministre du Travail, Eric Woerth, a été entendu comme témoin par la police dans l'un des volets de l'affaire Bettencourt. Entamé avant 9h00, l'interrogatoire s'est tenu au ministère à Paris (photo) et non au siège de la Brigade financière et s'est ache - -

PARIS (Reuters) - Le ministre du Travail, Eric Woerth, a été entendu comme témoin par la police durant une partie de la journée de jeudi dans...

PARIS (Reuters) - Le ministre du Travail, Eric Woerth, a été entendu comme témoin par la police durant une partie de la journée de jeudi dans l'enquête sur la fortune de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt.

Entamée avant 09h00, l'interrogatoire, point d'orgue d'une affaire qui met en difficulté l'artisan de la réforme des retraites, s'est achevé en milieu d'après-midi, a dit son cabinet. Il s'est déroulé au ministère du Travail, et non au siège de la Brigade financière.

Ex-ministre du Budget, Eric Woerth devait notamment être questionné sur l'embauche en 2007 de son épouse Florence chez le gestionnaire de la fortune Bettencourt. L'audition portait aussi sur des soupçons de financement illégal de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, dont il était le trésorier en 2007.

Le conseil des ministres avait autorisé la semaine dernière cette audition, demandée par le parquet.

Aucune poursuite ne peut être décidée dans l'immédiat dans le cadre actuel d'une enquête préliminaire sous contrôle du parquet, sauf ouverture d'information judiciaire et désignation d'un juge d'instruction indépendant, option écartée pour l'instant par le procureur Philippe Courroye.

Ce point est contesté car le procureur est statutairement lié au pouvoir politique. Michèle Alliot-Marie, dans une tribune dans Le Monde, rejette ces critiques mais le principal syndicat de magistrats a de nouveau demandé la désignation d'un juge d'instruction.

Le président Nicolas Sarkozy a apporté publiquement sa confiance et son soutien à Eric Woerth pour qu'il mène à son terme la réforme des retraites jusqu'à l'échéance prévue d'octobre, mais le sort qui lui sera réservé lors du remaniement gouvernemental consécutif est incertain.

ÉLÉMENTS RASSEMBLÉS

Le parquet a ouvert quatre enquêtes préliminaires à la suite de l'apparition dans la presse mi-juin d'enregistrements clandestins de Liliane Bettencourt, 17e fortune mondiale, réalisés par un majordome. Ils font apparaître des soupçons de fraude fiscale et de trafic d'influence.

La police a mené depuis une série d'auditions et a entendu la semaine dernière Florence Woerth, embauchée en novembre 2007 pour 200.000 euros par an par Clymène, société qui gère la fortune de Liliane Bettencourt. Eric Woerth avait été nommé ministre du Budget six mois auparavant.

Selon son avocat, Florence Woerth a nié tout arrangement et tout appui de son mari devant les policiers, a expliqué avoir rencontré Patrice de Maistre, patron de Clymène, dans le cadre de son emploi antérieur. Elle dit que c'est ce dernier qui lui a proposé une embauche à l'été 2007.

Patrice de Maistre a déclaré devant la police qu'Eric Woerth lui avait demandé de voir sa femme pour "la conseiller sur sa carrière". Sur les enregistrements clandestins, Patrice de Maistre explique avoir embauché Florence Woerth pour "faire plaisir" à son mari et à la demande de ce dernier.

La police s'est fait remettre le dossier d'attribution de la Légion d'honneur en juillet 2007 à Patrice de Maistre. La décoration lui a été remise par Eric Woerth en janvier 2008.

La police sait aussi que Patrice de Maistre remettait au moins depuis 2006 à Eric Woerth, trésorier de l'UMP, des chèques de Liliane Bettencourt pour le parti majoritaire.

La fortune Bettencourt ne semble avoir fait l'objet d'aucune vérification fiscale depuis de longues années.

En revanche, l'Etat a remboursé une centaine de millions d'euros à la milliardaire depuis 2007 au titre du "bouclier fiscal", une mesure qui limite les impôts directs à 50% des revenus déclarés au fisc après les autres déductions légales.

L'ancienne comptable de Liliane Bettencourt Claire Thibout a par ailleurs rapporté aux policiers que Patrice de Maistre lui avait dit début 2007 vouloir remettre 150.000 euros en espèces à Eric Woerth pour la campagne de Nicolas Sarkozy.

Claire Thibout assure avoir assisté à la remise de 50.000 euros à cette fin à Patrice de Maistre par Liliane Bettencourt, mais elle n'a pas vu la supposée remise à Eric Woerth. Les agendas saisis montrent l'existence d'une rencontre entre Patrice de Maistre et Eric Woerth à cette période.

Thierry Lévêque, avec Jean-Baptiste Vey, édité par Sophie Louet