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Procès du 13-Novembre: "Nous avons fait tout ce que nous pouvions" pour éviter les attentats, martèle François Hollande

François Hollande, en novembre 2020

François Hollande, en novembre 2020 - Bertrand Guay - AFP

L'ancien président de la République est cité comme témoin par l'association de victimes Life for Paris. L'objectif est d'obtenir un éclairage sur l'état de la menace terroriste en 2015.

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"Essayez de m'écouter", s'agace François Hollande face à l'avocate d'Abdeslam

"Les questions que je vous pose ne vise pas à légitimer quelconque attentat", assure Me Ronen. Pour autant, ses questions sur la chronologie puis sur les possibles victimes collatérales provoquées par des frappes françaises en Syrie.

"La cellule était faite, constituée pour prévoir des attentats en France et en Europe, c'est un fait objectif que cette cellule existe depuis juin 2014", rétorque fermement l'ancien chef de l'Etat.

Il répond alors à l'avocate de Salah Abdeslam qui met en avant des incohérences dans la chronologie établie par François Hollande. "Vous établissez un lien en ce que nous faisons et l'attaque dont nous sommes la cible", attaque-t-il.

"Essayez de m'écouter", s'emporte alors l'ex-président alors que Me Ronen l'interroge à plusieurs reprises sur les possibles victimes parmi la population civile lors de frappes françaises en Syrie. Un argument avancé par les terroristes pour jusitifer les attaques.

"Je ne peux pas vous assurer qu'il n'y en a pas eu, mais je ne peux pas vous dire qu'il y en a eu. Je n'ai pas eu connaissance de victimes collatérales, je ne peux pas être plus précis."

Les attentats auraient-ils pu être évités?

C'est une question qui se répète: les attentats auraient-ils pu être évités? Si c'était le cas, "je vous le dirais en exprimant le pardon", assure François Hollande.

"Nous avons fait tout ce que nous pouvions pour suivre ces individus, y compris les frapper là où ils étaient, mais nous n'avions pas, hélas, l'information qui aurait été décisicive pour empêcher les attentats du 13 novembre", maintient l'ancien chef de l'Etat.

Il explique que les services de sécurité n'avaient pas "connaissance des lieux qui pouvaient être des cibles". "Les individus nous les connaissions mais nous ne pouvions pas imaginer qu'ils étaient déjà en train d'agir", assure François Hollande.

L'ex-président réaffirme le travail intense des services. "J'ai été exigent à l'égard des services, des forces de police (...) ces services ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour repérer, identifier, neutraliser" les terroristes.

François Hollande balaie la théorie de la légitime défense

Sans jamais le citer, François Hollande rétorque à Salah Abdeslam, qui depuis le début du procès assure que les terroristes ont agi en réaction à l'intervention de la France en Syrie.

L'ancien chef de l'Etat rappelle qu'il a pris la décision d'intervenir en Syrie le 7 septembre 2015. La première frappe française est intervenue le 27 septembre 2015.

"Cela veut dire que le commando qui s'apprêtait à nous attaquer s'est préparé bien avant que je donne l'ordre d'intervenir en Syrie", affirme François Hollande.

Il insiste par ailleurs sur le fait que la France n'a pas frappé les populations civiles. "Pour bombarder quoi, pour bombarder qui? Non pas des populations civiles, uniquement des camps d'entraînement", martèle-t-il.

"Chaque jour nous étions sous la menace"

François Hollande est interrogé par le président de la cour sur l'état de la menace terroriste en 2015.

"Chaque jour nous étions sous la menace, le 12 novembre comme nous aurions pu l'être le 14. Nous savions qu'il y avait des opérations qui se préparaient, que des chefs dont nous connaissons maintenant le nom préparaient des attentats, laissaient égorger des individus. Mais nous ne savions pas ni où ni comment ils allaient frapper."

L'ancien président de la République revient aussi sur la menace qui pesait sur le Bataclan: "Il y avait une menace en 2009, le motif était antisémite. Durant mon mandat de président, je n'ai pas eu d'autres informations sur d'éventuelles menaces sur cet établissement".

"A la deuxième explosion, je n'avais plus de doute"

François Hollande est interrogé sur son vécu de la soirée des attentats le 13 novembre 2015. Ce soir-là, il ne devait pas assister au match de l'équipe de France contre l'Allemagne au Stade de France. Il s'y est rendu après avoir appris la présence du "ministre des Affaires étrangères allemand et des amis".

"Cette menace nous la connaissions mais ce jour-là, il n'y avait pas une intensité particulière. Lorsque la première détonation a retenti, j'ai immédiatement pris conscience que l'on pouvait être devant la réalité d'un attentat. A la deuxième explosion, je n'avais plus de doute."

Le président a attendu quelques minutes pour ne pas inquiéter puis s'est ensuite rendu au PC sécurité. Il apprend alors pour les attaques sur les terrasses. "Je prenais conscience que nous étions sur une opération d’envergure."

François Hollande donne alors consigne de poursuivre le match. "Le danger était à l'extérieur, pas à l'intérieur", se justifie-t-il. Avant de quitter le satde quelques minutes après le début de la seconde mi-temps.

"Je prends une première décision de convoquer le Conseil des ministres pour déclarer l’état d’urgence, une deuxième de fermer les frontières pour éviter que les terroristes puissent s’échapper, et une troisième décision de faire libérer les otages au Bataclan."

"Je répondrai à toutes les questions", dit François Hollande

François Hollande lit une déclaration. La voix grave, il explique pourquoi il est présent ce mercredi.

"Je suis présent devant la cour à la demande d'une association de victimes pour expliquer de ce que fut mon rôle comme chef de l’Etat durant cette nuit funeste, témoigner aussi de ce que furent mes décisions dans les mois qui ont précédé comme suivi."

François Hollande estime qu'il le doit "à toutes les victimes, celles et ceux qui ne sont plus là, à tous les parents, conjoints, frères, sœurs amis, et qui veulent comprendre." A celles aussi qui ont survécu et "qui cherchent toujours et encore des explications".

"Je répondrai à toutes les questions", promet-il.

L'ancien chef de l'Etat entend aussi "justifier l'engagement de la France dans la lutte contre le terrorisme islamique".

"Ce groupe pseudo étatique nous a frappé non pas pour ce que nous faisions mais pour ce que nous représentons. Ce groupe nous a frappé non pas pour nos modes d'action à l'étranger mais pour nos modes de vie ici même", insiste l'ancien président comme une réponse aux jusitifications données par les terroristes qui disent agir en réponse à l'intervention de la France en Syrie.

"La démocratie sera toujours plus forte que la barbarie et c'est toujours elle qui l'emporte à la fin", conclut-il.

François Hollande va témoigner

La cour d'assises considère que François Hollande "ne peut être dès lors considéré étranger aux faits". Le président de la cour a rejeté la requête de certains avocats de la défense qui demandaient l'annulation du témoignage de l'ancien chef de l'Etat.

Il a rappelé qu'il était "président de la République au moment des faits, qu'il était présent au Stade de France et qu'il est expressément cité par les terroristes du Bataclan".

François Hollande dans la salle d'audience

François Hollande est arrivé dans la salle d'audience entouré de gendarmes.

La cour est partie délibérer pour statuer sur les conclusions déposées par certains avocats de la défense qui réclament que l'ancien chef de l'Etat ne témoigne pas.

Les avocats des parties civiles pas tous d'accord entre eux

Les avocats des parties civiles défendent un à un l'opportunité du témoignage de François Hollande.

"Il va de soi qu'il ne sera interrogé que sur le dossier et rien d'autre", rappelle Me Jean-Marc Delas, l'avocat de l'association Life for Paris, qui a cité comme témoin l'ancien président.

Me Chemla insiste aussi sur le fait que le président de la cour d'assises à le pouvoir de recadrer les propos d'un témoin s'il sortait du cadre du procès.

Toutefois, concernant l'audition des sociologues, tous les avocats ne sont pas d'accord entre eux. Me Morice estime qu'"on les voit partout sur les plateaux de télévision". "Ils sont dans une forme de pensée reconnue et admise", explique-t-il.

"Et nous devrions nous en priver parce qu’ils seraient sur les plateaux de télévision ? Peut être Me Morice peut-il balayer devant sa porte avant de s’exprimer de cette façon", rétorque Me Topalof.

La défense de Salah Abdeslam ne s'oppose pas à l'audition de François Hollande

Dans une brève intervention, l'un des avocats de Salah Abdeslam dit ne pas s'opposer à l'audition de François Hollande.

"Je tiens à préciser que pour nous il est un témoin normal", dit Me Martin Vettes.

Me Xavier Nogueras, l'un des deux avocats de Mohamed Amri , estime que la "situation est délicate".

"Quand on entend certaines déclarations dans le box des accusés, quand on lit la retranscription des déclarations faites dans le Bataclan, on comprend que François Hollande est omniprésent, en sa qualité de représentant de l'Etat."

L'avocat poursuit: "On vous dit qu'on veut viser l'Etat, qui mieux que François Hollande représente l'Etat au moment des attentats."

"Ils ne sont pas témoins des faits", lance une avocate de la défense

Me Ménya Arab-Tigrine a pris la suite. Elle s'oppose à l'audition de François Hollande, GIlles Kepel et Hugo Micheron.

"Qu'est-ce qu'ils ont vu, qu'est-ce qu'ils savent de ce dossier? s'interroge le conseil d'Ali El Haddad Asufi. Aucun magistrat n'a considéré qu'ils avaient des choses à dire sur les faits. Il n'y a pas de lien entre les trois hommes et les faits, entre eux et la personnalité."

"Qu'est-ce que vous voulez faire de ce procès?" interroge ensuite le second avocat d'El Haddad Asufi. Le conseil voit deux réponse: une positive, une négative.

"Le lieu d'un processus judiciaire durant lequel les magistrats devront s'interroger sur la culpabilité ou innocence des accusés qui comparaissent, on veut juste que ce soit un procès, c'est tout." Ou "ce qu'on ne veut pas faire de ce procès, éviter que ça soit une cérémonie de commémoration, et ne pas considérer ce procès comme une tribune ou comme un lieu qui permettrait de répondre ou pas à un certain nombre de questions de nature politique."

"On essaie de vous instrumentaliser", dénonce l'avocate de Mohamed Abrini

L'audience est reprise. L'avocate de Mohamed Abrini, Me Marie Violleau, a pris la parole pour dénoncer la venue de Gilles Keppel, Georges Fenech, Mohamed Sifaoui, Hugo Micheron et Bernard Rougier.

"Si on est réuni là, c'est pour qu'à la fin une décision soit prise, la plus intelligente (...) on essaie de vous instrumentaliser", lance-t-elle à la cour.

L'avocate rappelle que les témoins doivent "vous dire objectivement ce qu'ils ont vu" et cite l'article du code de procédure pénal qui prévoit la citation des témoins qui viennent pour déposer "sur les faits, la personnalité, la moralité" des accusés.

"Accepter de les faire venir c'est faire reculer l'histoire, accepter de les faire venir c'est accepter que le sujet se déplace, sur un plateau de télé, dans une émission de radio. Je ne suis pas là pour juger de la qualité de leur travail, de leur idée (...) A un moment votre rôle c'est de dire stop."

Des avocats veulent débattre de l'opportunité du témoignage de Hollande

Les avocats de la défense, opposés à la venue de François Hollande, ont demandé à débattre de l'opportunité du témoignage de l'ancien président de la République.

Leur requête devrait être examinée en début d'audience, qui doit débuter à 12h30. Cette demande porte aussi sur l'audition de Gilles Kepel. Le spécialiste doit être entendu après 'lancien chef de l'Etat.

Après ce débat, la cour devrait délibérer pour dire si oui ou non François Hollande, cité comme témoin par l'association de victimes Life for Paris, peut être entendu.

Lors de l'appel des témoins au début du procès, des avocats de la défense avaient déjà fait état de leur opposition à ce témoin.

"On ne voit pas bien quelle est l’utilité de cette audition pour la manifestation de la vérité", s'étonnait à l'ouverture du procès Me Raphaël Kempf, l'un des avocat de Yassine Atar, l'un des accusés.

François Hollande assure ne pas avoir sous-estimé la menace

François Hollande s'est déjà défendu d'avoir péché par naïveté en 2015, comme l'en avait accusé la droite à l'époque.

"Si j'avais sous-estimé la menace terroriste, je n'aurais pas décidé de l'intervention au Mali dès le début 2013. Si j'avais sous-estimé la menace, je n'aurais pas agi comme membre de la coalition contre le groupe Etat islamique en Irak", a avancé l'ancien locataire de l'Elysée dans une interview début septembre.

Le nom de François Hollande cité plusieurs fois par les terroristes

Le nom de François Hollande a été cité à plusieurs reprises par les terroristes. Lors de l'attaque du Bataclan, les jihadistes ont justifié, devant les otages, leurs actes par l'intervention de la France en Syrie.

"Les soldats français et américains bombardent nos frères en Syrie et en Irak. Nous, on est des hommes, on vous bombarde sur terre. On n'a pas besoin d'avions, nous. Vous avez élu François Hollande ? Remerciez-le."

Au début du procès, Salah Abdeslam a repris cet argument blâmant l'ancien chef de l'Etat. "Quand François Hollande a pris la décision d’attaquer l’État islamique, il savait que sa décision comportait des risques", avait lancé l'accusé.

Retrouvez notre article sur les déclarations de Salah Abdeslam ici.

François Hollande entendu comme témoin

L'association de victimes Life for Paris a cité comme témoin l'ancien président de la République François Hollande afin qu'il fournisse un éclairage sur la situation de la France et l'état de la menace terroriste en 2015.

L'ancien chef de l'Etat sera entendu par la cour d'assises spéciale ce mercredi après-midi juste avant le politologue et spécialiste de l'islam, Gilles Kepel.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV