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Police-Justice

ÉDITO - La stratégie de Daesh "traduit l'affaiblissement de l’organisation", selon Ulysse Gosset

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L'éditorialiste politique étrangère de BFMTV revient sur la revendication par Daesh de l'attaque au couteau de Trappes. Les autorités, elles, n'écartent pas un différend familial. Que nous dit ce flou de l'état de l'organisation terroriste?

Les motivations de l'assaillant de Trappes ce jeudi, dans laquelle la mère et la soeur de ce dernier ont été tuées, restent floues. Si le jeune homme, neutralisé, a crié Allahou Akbar et que Daesh a très rapidement revendiqué l'attaque au couteau, les autorités n'écartent pas la piste d'un différend familial; Gérard Collomb, arrivé sur les lieux, a souligné les "problèmes psychiatrique importants" de l'attaquant. 

Une situation qui rappelle d'autres attaques revendiquées par Daesh, et dont le lien entre les auteurs et l'organisation terroriste n'a pas été avéré: l'attaque de Nice du 14 juillet 2016, dont le lien n'était pas établi un an plus tard, et celle de Las Vegas, le 1er octobre 2017. Selon Ulysse Gosset, éditorialiste politique étrangère de BFMTV, cette configuration "confirme la difficulté actuelle de l'organisation, qui a tendance à revendiquer quasiment systématiquement tous les attentats qui pourraient lui être imputés."

>Ulysse Gosset: "Cela met en doute la crédibilité même de l’organisation"

La fiabilité de Daesh n’est plus ce qu’elle était. Jusqu’en 2017 Daesh prenait un soin particulier à démontrer, preuves à l’appui, vidéos, textes à l’appui, photos, que ces attentats étaient bien commis par des militants de Daesh. Depuis 2017, il y a eu une accélération dans le temps de revendication: elle est intervenue très rapidement alors qu’auparavant, il fallait parfois attendre plusieurs jours. On sentait bien qu’il y avait derrière une réflexion, une stratégie; en 2017 il y a eu un changement et les revendications sont devenues beaucoup plus rapides.
Ensuite, en 2018, on a vu que ces revendications arrivaient pratiquement sur n’importe quel attentat commis. Et on s’est aperçu assez rapidement que de nombreux attentats revendiqués n’étaient pas liés d’une façon ou d’une autre à Daesh. Cela met en doute la crédibilité même de l’organisation, donc c’est une stratégie dangereuse, mais qui traduit l’affaiblissement de l’organisation. Il faut rappeler que pratiquement tous les cadres dirigeants ont été éliminés ou emprisonnés, et en particulier ceux chargés de la propagande.
Sans doute les autorités françaises ont-elles raison d’exploiter cette insécurité, cette faiblesse de l’organisation, en mettant en avant le caractère particulier de celui qui a commis ce crime pour bien accentuer l’idée que Daesh est en période de faiblesse."
B.P.