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Police-Justice

Dordogne: prison avec sursis requise en appel contre l'institutrice d'une enfant défenestrée par un camarade

Un enfant dans une école française en septembre 2021 (illustration)

Un enfant dans une école française en septembre 2021 (illustration) - Fred TANNEAU / AFP

L'enseignante est jugée pour l'"homicide involontaire" d'une écolière trisomique de huit ans défenestrée par son camarade "psychotique" le 8 janvier 2015 à Périgueux.

Trois mois de prison avec sursis ont été requis en appel jeudi à Bordeaux l'encontre d'une enseignante jugée pour l'"homicide involontaire" d'une écolière trisomique de huit ans défenestrée par son camarade "psychotique" le 8 janvier 2015 à Périgueux.

La chute de la petite Laly, d'une hauteur de cinq mètres, s'était produite dans une classe spécialisée dans l'inclusion scolaire de son établissement, l'école privée du Sacré-Coeur accueillant des enfants atteints de handicaps psycho-moteurs et/ou de troubles du comportement.

"Cela me hante"

Au moment des faits, la fillette avait quitté la salle de classe, une fois son travail terminé, pour rejoindre la salle de jeu attenante où se trouvait son petit camarade.

"Je ne voyais pas les enfants dans la pièce d'à-côté. Cela me hante", a déclaré à la barre Élisabeth Jaccard, qui dit "n'avoir rien entendu" tandis qu'elle regardait le travail des autres élèves. L'auxiliaire de vie scolaire était de son côté partie déjeuner. "Je n'ai pas pensé une seule seconde qu'il puisse se passer une chose pareille", a assuré cette grande femme brune, avant d'éclater en sanglots. "Je m'en voudrai toujours, je suis tellement désolée".

En première instance, elle avait été relaxée par le tribunal d'Angoulême, justifiant sa décision par "l'absence de faute caractérisée".

Mais pour l'avocate générale Céline Raignault, cette directrice "ne pouvait ignorer" que le petit garçon "nécessitait une surveillance accrue. Elle avait indiqué qu'il devenait véritablement ingérable". L'enfant avait auparavant roué de coups la fillette trisomique dans les escaliers de l'école au motif qu'"elle était plus petite que lui".

Un précédent en 2013 avec le même enfant

Des consignes avaient été données pour le surveiller et une réunion était prévue pour proposer son transfert vers un établissement médico-éducatif.

"Elle n'a pas appliqué à elle-même ses ordres donnés" à d'autres, a jugé Me Pierre Daniel Lamazières, avocat de la famille de Laly.

D'autres faits antérieurs à son arrivée dans l'école n'avaient toutefois pas été portés à sa connaissance par les services sociaux du département: en 2013, le garçonnet avait déjà poussé une fillette du balcon d'une maison, la blessant légèrement. La directrice l'assure: "si elle avait été mise au courant, elle aurait refusé de l'inscrire".

Pour son conseil, Me Lionel Béthune de Moro, "on a laissé sciemment (sa cliente) dans l'ignorance" en se "débarrassant" de l'enfant au sein de l'école privée. Le jugement a été mis en délibéré au 3 mai.

H.G. avec AFP