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Police-Justice

Dix ans de prison pour le meurtrier d'un touriste en Corse

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par Roger Nicoli AJACCIO (Reuters) - Les jurés de la cour d'assises de Corse-du-Sud ont condamné vendredi Dominique Desanti, 35 ans, videur d'une...

par Roger Nicoli

AJACCIO (Reuters) - Les jurés de la cour d'assises de Corse-du-Sud ont condamné vendredi Dominique Desanti, 35 ans, videur d'une discothèque située à Olmeto, à dix ans de réclusion pour l'homicide volontaire d'un jeune touriste durant l'été 2009.

Son cousin septuagénaire, François-Marie Desanti, qui était poursuivi pour la non-dénonciation de ce crime et pour une infraction à la législation sur les armes à feu, a été acquitté.

Les faits s'étaient produits le 16 juillet 2009, dans un établissement de nuit aujourd'hui fermé, "Le Paradi's", situé dans la zone touristique d'Olmeto-Plage, à 50 km au sud d'Ajaccio.

La victime, Martin Mervoyer, un étudiant de 19 ans en classe préparatoire littéraire et originaire d'Ecquevilly (Yvelines), était en villégiature sur un terrain familial, où il campait avec des amis.

Le soir des faits, un groupe d'une douzaine de jeunes a pénétré dans l'établissement vers 1h45 en introduisant un sachet d'un cubitainer de vin rosé, ce qui avait entraîné leur expulsion.

Sur le parking, le vigile a alors eu une explication avec Martin Mervoyer et ses compagnons. Arborant son pistolet semi-automatique Colt 45, il l'avait pointé, puis actionné à deux reprises la culasse en direction de la victime qui décédait sur le coup d'une balle en plein coeur vers 2h30 devant une douzaine de témoins. L'autopsie a révélé par la suite que le taux d'alcoolémie du jeune homme était de 1,16 gramme, confirmant ainsi que les jeunes avaient consommé de l'alcool.

Dominique Desanti, ancien militaire distingué comme tireur d'élite au sein du IIIe RPI Ma de Carcassonne où il avait servi de 1998 à 2002, se rendait quinze heures plus tard à la gendarmerie de Propriano et reconnaissait les faits.

Durant la même semaine, quatre personnes avaient été blessées par arme à feu, dont deux mortellement, en Corse. Par ailleurs, depuis cinq ans, près d'une centaine d'homicides ont été perpétrés dans l'île, ce qui constitue la plus haute moyenne en Europe.

Devant la cour d'assises de la Corse-du-Sud, à Ajaccio, Dominique Desanti a comparu détenu. Le visage fermé, il a présenté ses remords à la partie civile et a assuré qu'il ne voulait pas "tuer un touriste". Les parents de la victime, chrétiens fervents, ont accordé leur "pardon" à l'accusé mais lui ont demandé la "vérité qui rend libre".

L'avocat général Thomas Pison, retenant l'intention d'homicide, a par ailleurs dressé le réquisitoire de la banalisation des armes à feu en Corse, où circulent 30.000 armes, soit près d'une pour dix habitants, selon lui.

Il a requis 20 années de réclusion criminelle contre le tireur, Dominique Desanti et trois années pour François-Marie Desanti, "bras armé du tueur".

La défense du principal accusé a souligné que la cause de ce tir était indirecte, presque accidentelle, et que leur client s'était senti menacé. "Toute peine excessive est une injustice, il faut condamner le grand banditisme mais pas en condamnant injustement Dominique Desanti", a estimé Me Leclerc, ancien président de la Ligue des droits de l'homme.

Il avait demandé aux jurés de prononcer la peine qui a finalement été retenue.

Edité par Benjamin Massot