BFMTV
Police-Justice

Disparues de Perpignan: le point sur l’enquête

Les disparues de Perpignan, Allison et Marie-José Benitez.

Les disparues de Perpignan, Allison et Marie-José Benitez. - -

La piste du double homicide se fait de plus en plus forte depuis l'identification des traces de sang retrouvées au domicile et dans la caserne où le père s'est suicidé. L’information judiciaire pour "disparition inquiétante" pourrait être requalifiée en "homicide".

Depuis l’identification lundi de l’ADN des deux femmes disparues à Perpignan en juillet dernier, la piste criminelle ne fait plus vraiment de doute. Des témoignages troublants ont été recueillis par France 3 Roussillon: des voisins de la famille Benitez affirment que Francisco, le père, aurait subitement changé de voiture. Peu de temps après la disparition des deux femmes, plusieurs riverains ont aperçu leur voisin au volant d’une berline noire, alors qu’il avait l’habitude de conduire une petite voiture blanche.

La voiture noire a été saisie par les enquêteurs sur le parking de la Légion étrangère, à Perpignan, où l’adjudant-chef Benitez était en garnison.

> La piste du double homicide

L’enquête n’a toujours pas permis de déterminer le rôle qu’a pu jouer Francisco Benitez dans la disparition, mais la découverte des traces de sang des deux disparues, identifiées lundi, ont fait basculer l’enquête vers la piste du double homicide.

L’ADN d’Allison a été retrouvé dans le congélateur familial, en infime quantité: l’appartement familial de la rue Richepin avait été nettoyé à grandes eaux. Celui de sa mère, Marie-José, a été prélevé dans un lave-linge de la caserne où son époux s’est suicidé.

La PJ de Perpignan et la SRPJ de Montpellier poursuivent leurs investigations dans l’enceinte de la Légion. Cette même semaine, RTL a affirmé que les passeports des deux femmes ont été saisis lors d’une perquisition à leur domicile, ce qui écarterait la piste d’une fugue à l’étranger un temps évoquée. L’information judiciaire, ouverte pour "disparition inquiétante" pourrait être requalifiée en "homicide".

> La personnalité de Francisco Benitez

Petit à petit, le profil psychologique de Francisco Benitez se dessine. Celui d’un homme mystérieux, voir double. Très attaché à son image, l’adjudant-chef en charge du recrutement était décrit par ses collègues comme un légionnaire exemplaire, toujours tiré à quatre épingles et impliqué dans diverses actions sociales.

Seule une vie privée compliquée pouvait laisser entrevoir quelques failles. "Homme à femme", Francisco Benitez avait plusieurs maîtresses. Après son suicide, les enquêteurs prennent connaissance de son audition comme témoin, en 2004, dans le cadre d’une disparition aux circonstances similaires de sa maîtresse, Simone de Oliveira, à Nîmes, à ce jour non élucidée.

> Une étrange disparition le 14 juillet

Francisco Benitez est le dernier à avoir vu son épouse et sa fille. Le 14 juillet, il va chercher sa fille à Canet-en-Roussillon où la jeune fille, candidate à l'élection de Miss Roussillon, prend un repas en compagnie des membres du comité d'organisation. Allison, 19 ans, n'a vraisemblablement aucune envie de lâcher l'aventure, puisqu’elle était l’une des favorites.

Dans la déposition qu'il a faite à la police le 25 juillet, Francisco Benitez a indiqué qu'Allison et lui sont rentrés directement au domicile familial, à Perpignan. Là, "il a trouvé sa femme en train de préparer une valise", selon les informations révélées par le parquet. Puis les deux femmes lui ont dit: "on s'en va". Il les aurait laissées partir sans poser de question sur leur destination. Le couple battait de l'aile; il était en instance de séparation.

Francisco Benitez a attendu le 22 juillet pour signaler leur disparition. Ce jour-là, lorsqu'il se rend au commissariat, il ne fait qu'une déclaration verbale. Ce n'est que trois jours plus tard qu'il signe une déposition écrite.

A mesure que le temps passe, l'homme supporte de moins en moins les soupçons qui pèsent sur lui. Le 5 août, son corps est retrouvé dans les sanitaires de la caserne où il était affecté. L'homme s'est vraisemblablement donné la mort par pendaison, un foulard noir recouvrant sa tête. Il laisse un dernier message, dans lequel il clame son innocence.