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Police-Justice

Disparition de Steve Maia Caniço: comment l'autopsie permet-elle l'identification d'un corps?

La question "Où est Steve ?" a été formée par une chaîne humaine, à Nantes, le 20 juillet 2019.

La question "Où est Steve ?" a été formée par une chaîne humaine, à Nantes, le 20 juillet 2019. - Média'son

Après plusieurs semaines dans l'eau, un corps n'a plus l'apparence qu'on lui connaît. Mais certaines analyses médicales permettent d'établir avec certitude l'identité du défunt. Ce sont ces mêmes examens qui ont permis d'établir que le corps retrouvé dans la Loire à Nantes lundi était bien celui de Steve Maia Caniço, disparu le 21 juin dernier.

C'est l'épilogue de plus d'un mois d'interrogations. Ce mardi matin, une autopsie pratiquée sur le corps retrouvé lundi dans la Loire, à Nantes, à proximité du Quai Wilson, a permis d'établir qu'il s'agissait bien du corps de Steve Maia Caniço, disparu le soir de la Fête de la musique, le 21 juin. Une identification qui s'annonçait pourtant "problématique", avait prévenu lundi soir le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès.

Dégradé par l'eau, les animaux et les bateaux

Après cinq semaines dans l'eau, un corps n'a plus l'apparence photographique qu'il avait auparavant. Au premier abord, il est non identifiable:

"L'action de l'eau, des animaux marins et d'éventuels passages d'hélices de bateaux a endommagé le cadavre", indique à BFMTV.com Caroline Rambaud, médecin légiste à l'institut médico-légal de Garches (Hauts-de-Seine).

Cette dernière ajoute que le corps connaît un processus de "putréfaction post mortem" qui dégrade la peau et provoque des gonflements à cause de gaz. Après la mort, les bactéries rejoignent la peau ce qui fait naître une tache verte au niveau de l'abdomen, qui s'étend progressivement sur tout le corps, changeant ainsi la couleur de la peau. Enfin, l'épiderme est décollé, il ne reste que le derme ce qui empêche toute identification par empreinte digitale.

Des éléments matériels

Avant tout examen médical, des éléments matériels aident déjà la police dans leur travail d'identification. Les vêtements, les bijoux ou tout objet retrouvé à proximité du corps donnent des indices tendant à prouver qu'il s'agit bien du corps recherché.

En l'occurrence, une chaîne en or, une chaussure et une chemise ont été retrouvés sur le corps retrouvé lundi et soumis à la famille du jeune homme, d'après nos informations.

Le fémur, élément clé de l'identification

Ensuite, des examens sur trois niveaux permettent une identification certaine. D'abord, des analyses sanguines peuvent être pratiquées. Mais d'après Caroline Rambaud, il est peu probable que du sang soit encore présent dans un corps après cinq semaines immergé: "Le sang se nécrose et quitte les vaisseaux qui ne sont plus perméables", explique-t-elle.

Le médecin légiste étudie alors les muscles, la topographie des organes, et surtout les os. D'après Christian Doutremepuich, directeur du laboratoire d'hématologie médico-légale de Bordeaux, cet examen est celui qui permet d'avoir un résultat d'identification le plus rapide:

"Nous effectuons un prélèvement au niveau du fémur, ce qui nous donne un résultat dans la journée", précise-t-il à BFMTV.com, avant d'ajouter: "c'est un examen qui répond à l'urgence lorsqu'une famille est dans l'attente de savoir s'il s'agit bien d'un proche disparu". 

Dossier dentaire et anciennes opérations chirurgicales

La dentition, ou d'anciennes fractures permettront également d'établir avec certitude l'identité du défunt par une "identification comparative": "Les dentistes gardent une cartographie de tous leurs patients", rappelle Caroline Rambaud, tout comme les dossiers médicaux regroupent les anciennes opérations chirurgicales.

Dans un second temps, les analyses toxicologiques des cheveux, s'il en reste, pourront attester d'une consommation de drogue ou d'alcool. Concernant les causes de la mort, la noyade pourra être établie par l'analyse des poumons. En revanche, la présence d'ecchymose résultant de coups ou d'une éventuelle charge a très peu de chances d'être observable. 

Esther Paolini