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Police-Justice

Disparition de Mathis: Sylvain Jouanneau parle beaucoup de lui, mais pas de son fils

Au premier jour de son procès aux assis pour l'enlèvement et la séquestration de son fils en 2011, Sylvain Jouanneau a beaucoup parlé de lui mais est resté très mystérieux sur le sort de son enfant.

Au premier jour de son procès aux assis pour l'enlèvement et la séquestration de son fils en 2011, Sylvain Jouanneau a beaucoup parlé de lui mais est resté très mystérieux sur le sort de son enfant. - Charly Triballeau - AFP

Au premier jour de son procès aux assises pour l'enlèvement et la séquestration de son fils en 2011, Sylvain Jouanneau a beaucoup parlé de lui mais est resté très mystérieux sur le sort de son enfant. Compte-rendu de cette première journée d'audience.

Poursuivi aux assises pour l'enlèvement et la séquestration de son fils disparu à l'âge de huit ans en 2011, Sylvain Jouanneau a parlé de lui mais est resté très évasif sur le sort de son, ce fils lundi, au premier jour de son procès à Caen. "Vous semblez intarissable à votre sujet, est-ce-que vous allez parler autant de Mathis?" a lancé Aline Lebret, l'avocate de la mère de Mathis, Nathalie Barré, venue au procès avec une dizaine de proches.

"Je ne suis pas venu ici pour répondre à la question que tous les journalistes ont mis en première page des journaux (...) 'où est Mathis aujourd'hui'", a répondu Sylvain Jouanneau, 41 ans, après avoir longuement et posément, pendant plus d'une heure trente, répondu aux questions de la cour sur son passé professionnel et amoureux.

Il ne l'a jamais ramené à sa mère

Légèrement plus loquace l'après-midi, le prévenu a livre quelques détails très mystérieux sur son enfant. Il a notamment expliqué l'avoir emmené "chez des personnes à l'étranger" et lui avoir expliqué que sa mère "était mort dans un accident". Il aurait également noué l'objectif de "retourner en France avec son fils". S'apprête-t-il à livrer plus de détails? Non, car ça ne présente "aucun intérêt pour Mathis", selon sa version des faits. "Je n'ai aucun élément me disant que Mathis va mal donc selon moi il va bien", a encore précise Sylvain Jouanneau. Avant d'ajouter: "Mathis attend son papa."

Sylvain Jouanneau est allé chercher son fils à l'école le 2 septembre 2011, conformément à son droit d'hébergement mais il ne l'a pas ramené à sa mère le dimanche 4 au soir comme il l'aurait dû. "Mathis est victime de quoi?", a lancé l'accusé à Me Lebret, qui soulignait que Mathis était partie civile via sa mère lors de ce procès.

Il reconnaît des faits de "soustraction de mineur"

"Trois ans et demi sans ses proches", répond l'avocate. "Ca vous pose un problème?", rétorque Sylvain Jouanneau. Le père de Mathis a été arrêté seul, le 9 décembre 2011, près d'Avignon. Il est depuis en détention provisoire. "Percevez-vous la gravité de votre comparution?" demande l'avocat général, Pascal Chaux. L'accusé reste silencieux puis lâche: "Non". "C'est un des nombreux silences que vous avez eus depuis le début de l'instruction dès que les questions deviennent embarrassantes", commente l'avocat général.

Un peu plus tôt, Sylvain Jouanneau avait expliqué à la cour reconnaître des faits de "soustraction de mineur" mais "nier" l'enlèvement et la séquestration, avant d'affirmer que l'affaire était "montée en épingle".

Chemise bleue claire, longue queue de cheval et barbe noires, l'accusé s'est décrit comme quelqu'un de "perfectionniste", répétant à plusieurs reprises qu'il aimait "aller jusqu'au bout", dans sa vie amoureuse ou professionnelle. Son frère de 32 ans l'a qualifié à la barre de "jusqu'au-boutiste, quitte à ne pas forcément écouter l'avis des autres". Il a aussi évoqué la "haine", selon lui, de Sylvain Jouanneau vis-à-vis de Nathalie Barré, à qui il fut marié de 2003 à 2007, et une volonté de vengeance.

Des "complices" et un enlèvement très préparé

Un autre témoin a confirmé que Sylvain Jouanneau avait acquis du matériel de boucherie dans l'optique de se venger de Nathalie Barré et de son avocate. Sylvain Jouanneau, dont le casier judiciaire est vierge, a expliqué être devenu maçon après avoir été cadre dans une entreprise d'électronique, pour avoir du temps à consacrer à son fils.

Il s'est dépeint comme quelqu'un de solitaire mais qui s'est souvent senti "pas à sa place". Il est revenu sur sa tentative de suicide lorsqu'il était étudiant et sur ses multiples séjours en hôpital psychiatrique.

Durant l'enquête, Sylvain Jouanneau a dit avoir confié Mathis à des personnes dont il affirme ne pas vouloir trahir la confiance en disant où se trouve l'enfant. Il a évoqué en 2011 des "complices sûrs et puissants" et également (ses) "frères musulmans". Sylvain Jouanneau s'est converti à l'islam lors d'une relation avec une Marocaine en 2006-2007.

Jusqu'à 30 ans de prison

Selon l'enquête, Sylvain Jouanneau avait de longue date préparé cet "enlèvement" et avait déjà fait une tentative. Une information judiciaire distincte, ouverte contre X pour meurtre en avril 2013, est par ailleurs toujours en cours. Car malgré les nombreuses recherches en France comme à l'étranger, y compris dans les milieux sectaires, Mathis reste introuvable. Sylvain Jouanneau a souligné s'être porté partie civile dans ce dossier, étant sans nouvelles de Mathis, a confié son avocate à l'Agence France-Presse.

Le procès doit a priori durer quatre jours. Devant les assises il encourt 30 ans de prison. Il y est aussi poursuivi pour menace de mort sur une autre ex-compagne qui a rompu avec lui en août 2011 après deux ans et demi de relation, et deux des proches de cette femme.

Jé. M., avec AFP et Fanny Regnault