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Police-Justice

Dieudonné jugé pour ses propos antisémites contre Patrick Cohen

Dieudonné, lors d'un précédent procès en 2013, a de nouveau rendez-vous devant la justice ce mercredi.

Dieudonné, lors d'un précédent procès en 2013, a de nouveau rendez-vous devant la justice ce mercredi. - Joël Saget - AFP

Habitué des prétoires, le polémiste Dieudonné est jugé ce mercredi pour provocation à la haine raciale à la suite de ses propos contre le journaliste de France Inter, Patrick Cohen. Des déclarations qui allaient conduire Manuel Valls, alors à l'Intérieur, à interdire le spectacle de l'humoriste.

Dieudonné sera jugé ce mercredi pour provocation à la haine raciale pour des propos à l'encontre du journaliste de France Inter Patrick Cohen, qui avaient déclenché le processus d'interdiction de son spectacle il y a un an.

"Tu vois, lui, si le vent tourne, je ne suis pas sûr qu'il ait le temps de faire sa valise", déclarait le polémiste dans son spectacle Le Mur. "Quand je l'entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz... Dommage".

Dieudonné s'en prenait depuis plusieurs mois au journaliste de Radio France qui avait publiquement assuré qu'il n'inviterait jamais le polémiste, déjà condamné à plusieurs reprises pour diffamation, injure et provocation à la haine et à la discrimination raciale, et égratigné des confrères refusant d'envisager un tel boycott.

Le début d'une très vive polémique, et de l'interdiction de spectacles

Mais la diffusion de ces propos dans un reportage sur France 2 en décembre 2013 avait déclenché une vive réaction de Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, qui avait donné instruction aux préfets d'engager des mesures d'interdiction de représentations du spectacle de Dieudonné, pour risques de "troubles à l'ordre public".

La justice administrative ayant rejeté les recours de Dieudonné contre ces interdictions, le polémiste avait finalement présenté une nouvelle version de son spectacle, expurgée de ses attaques les plus frontales contre les Juifs.

Parallèlement, le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour "incitation à la haine raciale" sur les propos antisémites visant Patrick Cohen. Le journaliste ne s'est pas constitué partie civile.

Jusqu'à un an de prison et 45.000 euros d'amende

La défense de Dieudonné, qui pourrait être présent à l'audience et encourt un an de prison et 45.000 euros d'amende, va plaider la relaxe et entend "replacer cette affaire dans son contexte", selon Me Sanjay Mirabeau, un de ses avocats.

Car pour lui, les propos incriminés sont "juste l'étincelle, pas la cause principale" ayant conduit à l'interdiction du spectacle.

Pour la défense, les mots de Dieudonné relèvent avant tout "d'un échange, vif certes, mais un échange" à distance avec le journaliste. "Nous allons voir exactement les propos de M. Cohen", a expliqué l'avocat, qui dit avoir renoncé à faire citer le journaliste comme témoin "pour la sérénité des débats et pour ne pas instrumentaliser le tribunal".

De nombreuses procédures judiciaires

Dieudonné M'bala M'bala, 48 ans, est un habitué des prétoires, avec plusieurs condamnations à des peines d'amende pour ses propos controversés. Vendredi dernier, il a été condamné à 6.000 euros d'amende pour avoir lancé sur Internet fin 2013 un appel aux dons pour payer de précédentes amendes.

Dieudonné reste sous le coup de plusieurs procédures judiciaires. La dernière, pour apologie du terrorisme, lui vaut d'être convoqué devant le tribunal correctionnel de Paris le 4 février. En cause, un message posté sur Facebook, dans lequel il écrivait "je me sens Charlie Coulibaly", en référence à l'un des auteurs des attentats meurtriers de Paris, qui a tué quatre Juifs dans un supermarché cacher ainsi qu'une policière municipale.

Il a également été mis en examen en juillet pour fraude fiscale, blanchiment et abus de biens sociaux.

Jé. M. avec AFP