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Police-Justice

Détournement de camion-poubelle: deux syndicalistes mis à la retraite d'office

Deux éboueurs mis à la retraite d'office

Deux éboueurs mis à la retraite d'office - Photo d'illustration - JEFF PACHOUD / AFP

En mai dernier, ces deux membres de la CGT avaient enjoint un agent conduisant un camion-poubelle de leur laisser son véhicule pour aller en déverser le contenu devant le siège de La République en Marche.

Les deux éboueurs qui avaient détourné un camion-poubelle lors d'une opération syndicale à Paris en mai sont "mis à la retraite d'office" par la Ville de Paris, a-t-on appris mardi auprès de la mairie. "Il s'agit d'une décision administrative signée par la secrétaire générale de la ville", a indiqué la mairie en précisant que le courrier signifiant leur sanction aux deux agents avait été envoyé vendredi.

La fédération CGT des services publics a dénoncé un "acharnement disciplinaire" envers ses deux militants et une "sanction d'une exceptionnelle gravité dans le cadre d'une action syndicale", dans un communiqué ce mardi. Après la révocation, la mise à la retraite d'office constitue la sanction disciplinaire la plus lourde pour un agent public.

"La réaction a été très dure. J’étais complètement abattu le premier jour. C’est un révocation déguisée. Ca fait beaucoup mieux dans la communication de la mairie de Paris. On n'emploie pas le mot ‘révocation’ parce cela ne fait pas bien, on met à la retraite d’office. Sauf qu’il y a un petit problème: moi, je n’ai pas l’âge de la retraite. Bien sûr, il y a la solution d’aller retrouver du travail mais quel est l’employeur qui va employer, si j’emploie leurs mots, un terroriste. C’est fichu, je vois pas l’avenir", confie Jean-Jacqus, l'un des ex-éboueurs.

Une sanction "pas exceptionnelle"

À la mairie, on souligne que la sanction "n'est pas exceptionnelle" et qu'en 2017, "12 mises à la retraite d'office ont été prononcées". Déjà condamnés en juillet à 70 heures de travail d'intérêt général pour "soustraction frauduleuse" de la benne à ordures, les deux fonctionnaires étaient en attente de la sanction de la Ville de Paris depuis leur convocation en conseil de discipline le 13 septembre et le renvoi de la décision.

Le 25 mai dernier, ces deux membres de la CGT avaient enjoint un agent conduisant un camion-poubelle de leur laisser son véhicule pour aller en déverser le contenu devant le siège de La République en Marche. Géolocalisés, les deux employés de la ville de Paris avaient été arrêtés avant de pouvoir atteindre le siège du parti présidentiel où une "opération conjointe" était menée par une centaine d'éboueurs, énergéticiens, cheminots et égoutiers, à l'appel de la CGT pour défendre les services publics.

Recours gracieux

L'organisation syndicale a indiqué que les deux agents sanctionnés allaient "formuler un recours gracieux auprès de la maire de Paris". "Nos camarades font l'objet d'un jeu politicien", a estimé auprès de l'AFP le secrétaire général de la CGT Services publics Baptiste Talbot.

Le jour des faits, Mao Péninou, adjoint LREM à la mairie de Paris chargé de la propreté, avait déploré leur action et l'émoi que cela avait, selon lui, provoqué dans un "contexte terroriste". La CGT doit tenir jeudi une conférence de presse "en présence des deux militants sanctionnés" pour communiquer "sur la campagne de solidarité et d'interpellation de la maire de Paris" qui dispose du "pouvoir de revenir sur cette sanction".

P.L avec AFP