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Police-Justice

Des oeuvres de Picasso, Modigliani et Matisse volées à Paris

Cinq tableaux de Pablo Picasso, Fernand Léger, Henri Matisse, Georges Braque et Amedeo Modigliani ont été dérobés au Musée d'art moderne de la ville de Paris, le montant du préjudice étant évalué par le musée à 500 millions d'euros. /Photo prise le 20 mai

Cinq tableaux de Pablo Picasso, Fernand Léger, Henri Matisse, Georges Braque et Amedeo Modigliani ont été dérobés au Musée d'art moderne de la ville de Paris, le montant du préjudice étant évalué par le musée à 500 millions d'euros. /Photo prise le 20 mai - -

PARIS - Une enquête de police a été ouverte après le vol au Musée d'art moderne de la ville de Paris de cinq toiles de Pablo Picasso, Fernand Léger,...

PARIS (Reuters) - Cinq tableaux de Picasso, Léger, Matisse, Braque et Modigliani ont été dérobés dans la nuit de mercredi à jeudi au Musée d'art moderne de la ville de Paris, dont le système d'alarme ne fonctionnait pas.

Le montant total de ce vol s'élève à 100 millions d'euros, selon la mairie de Paris citant la direction du musée, situé non loin de la Tour Eiffel et du Trocadéro, dans le XVIe arrondissement de la capitale.

Le parquet de Paris fait état d'un chiffre de 500 millions d'euros, citant la conservatrice du musée.

"Le pigeon aux petits pois" de Pablo Picasso, un tableau datant de la période cubiste du maître espagnol, est à lui seul estimé à plus de 22 millions d'euros.

"La pastorale" d'Henri Matisse, "L'olivier près de l'Estaque" de Georges Braque, "La femme à l'éventail" d'Amedeo Modigliani et "Nature morte aux chandeliers" de Fernand Léger ont aussi disparu.

Selon l'assureur Axa, cité par le journal allemand Frankfurter Rundschau, ces tableaux n'étaient pas assurés.

Le maire socialiste de la capitale française, Bertrand Delanoë, a fait part de sa "consternation".

Rappelant que 15 millions d'euros avaient été investis notamment dans la sécurité de ce musée entre 2004 et 2006, ce qui avait provoqué sa fermeture, il a annoncé l'ouverture d'une enquête administrative interne.

Les oeuvres dérobées faisaient partie de la collection permanente du musée géré par la ville de Paris.

"Il s'agit de tableaux importants de peintres majeurs", a souligné Christophe Girard, adjoint à la Culture du maire de Paris, lors d'un point de presse devant l'entrée du musée.

Une enquête de police a été ouverte, confiée à la Brigade de répression du banditisme (BRB), l'ancien "antigang".

SYSTÈME DE SÉCURITÉ DÉJOUÉ

Le vol, commis "par un ou des individus de toute évidence très organisés", selon Christophe Girard, a été découvert par les employés à l'ouverture du musée jeudi matin.

Ils ont constaté qu'une baie vitrée avait été brisée à l'arrière de l'aile Est du Palais de Tokyo, construit à l'occasion de l'Exposition universelle de 1937.

Selon le parquet, un enregistrement de vidéosurveillance montre un homme cagoulé passant par une porte-fenêtre, qu'il a simplement fracturée. L'alarme ne fonctionnait pas depuis le 30 mars, la société responsable attendant la livraison d'un matériel de remplacement, a dit Bertrand Delanoë.

Le musée est doté d'un PC sécurité. Mercredi soir, trois gardiens étaient sur place, chargés de rondes pendant la nuit et ils auraient dû voir en direct l'intrusion, la vidéo fonctionnant parfaitement, souligne la mairie.

"Il faut laisser la police trouver comment le système de sécurité a pu être déjoué puisque de toute évidence les trois personnes présentes n'ont rien vu et n'ont donc pas réagi", a déclaré l'élu parisien.

De précédentes enquêtes de police sur des faits similaires ont montré que des collectionneurs sollicitaient le vol d'oeuvres spécifiques à leur profit exclusif.

"Du point de vue d'un marchand d'art, il est presque impossible de revendre les tableaux", a dit à Reuters Elliot McDonald, du cabinet d'assurances spécialisé dans l'art Hiscox, à Londres. "Il est très difficile de se débarrasser d'une oeuvre d'art majeure, surtout avec les registres qui existent".

Son collègue Robert Read juge improbable que le vol ait été commandité par un amateur d'art.

"Il s'agit plus certainement de criminels qui vont chercher à extorquer de l'argent au musée, à l'Etat ou à échanger les oeuvres sur un marché parallèle contre de la drogue ou des armes", a-t-il estimé.

Parmi les récents méfaits commis à Paris, un carnet de dessins de Pablo Picasso a été volé au musée Picasso en juin dernier.

Elizabeth Pineau, Thierry Lévêque, Nicolas Bertin et John Irish, édité par Yves Clarisse