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Police-Justice

Des journalistes poursuivis en marge de l'affaire Bettencourt

Fabrice Lhomme, un ancien journaliste de Mediapart, a été mis en examen jeudi à Bordeaux pour "recel d'atteinte à l'intimité de la vie privée" après la publication en 2010 d'enregistrements clandestins de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt. /Photo

Fabrice Lhomme, un ancien journaliste de Mediapart, a été mis en examen jeudi à Bordeaux pour "recel d'atteinte à l'intimité de la vie privée" après la publication en 2010 d'enregistrements clandestins de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt. /Photo - -

BORDEAUX (Reuters) - Fabrice Lhomme, ancien journaliste du site d'informations Mediapart, a été mis en examen jeudi à Bordeaux pour "recel...

BORDEAUX (Reuters) - Fabrice Lhomme, ancien journaliste du site d'informations Mediapart, a été mis en examen jeudi à Bordeaux pour "recel d'atteinte à l'intimité de la vie privée" après la publication en 2010 d'enregistrements clandestins de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, a annoncé le reporter.

Edwy Plenel et Fabrice Arfi, directeur et journaliste de Mediapart, étaient convoqués pour subir le même sort en fin de journée. La semaine dernière le rédacteur en chef du Point, Hervé Gattegno, et son directeur, Franz-Olivier Giesbert, ont été mis en examen pour les mêmes faits.

La Cour de cassation, plus haute juridiction française, infirmant des décisions de juridictions inférieures, a estimé en octobre dernier que l'information du public n'était pas un but légitime suffisant pour justifier la publication car les enregistrements, réalisés par un majordome en 2009 et 2010, constituaient une "atteinte à l'intimité de la vie privée".

Le magazine Le Point et Mediapart ont d'ailleurs dû indemniser dans l'intervalle Liliane Bettencourt et son ancien gestionnaire de fortune Patrice de Maistre, qui se sont vu accorder 7.000 euros chacun.

"J'assume et je revendique la publication des enregistrements et je n'ai aucun regret sur les extraits choisis. De manière générale je suis d'accord pour dire qu'il faut protéger l'intimité de la vie privée, mais il peut y avoir des exceptions comme dans cette affaire, en raison de la gravité des faits révélés", a dit à Reuters Fabrice Lhomme.

L'arrêt de la Cour de cassation ne remet pas en cause l'exploitation de ces enregistrements pour engager des poursuites pénales sur ces faits, en cours à Bordeaux.

Ces enregistrements, même s'ils sont le produit d'un délit, sont recevables comme preuves dans ces poursuites, estime la justice sur le fondement d'une jurisprudence.

Le tribunal de Paris et la cour d'appel avaient validé dans un premier temps les publications des enregistrements en estimant qu'il était dans l'intérêt du public de connaitre ce que des conversations entre la femme la plus riche de France et son gestionnaire de fortune, enregistrées en secret, révélaient.

Elles montrent que Liliane Bettencourt fraudait le fisc et que Patrice de Maistre avait embauché l'épouse du ministre UMP du Budget Eric Woerth pour "lui faire plaisir", disait-il.

Les propos tenus démontrent aussi les liens étroits entre l'entourage de Liliane Bettencourt et l'Elysée sous Nicolas Sarkozy et laissent soupçonner un financement politique de l'UMP par la fortune Bettencourt. Patrice de Maistre est aujourd'hui écroué.

Claude Canellas, édité par Yves Clarisse