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Police-Justice

Des internautes pédophiles présumés jugés à Colmar

Quarante personnes comparaissent depuis mercredi devant le tribunal correctionnel de Colmar pour enregistrement ou diffusion de fichiers pédopornographiques sur internet, un délit que tous disent regretter en plaidant le hasard, l'effet d'entraînement ou

Quarante personnes comparaissent depuis mercredi devant le tribunal correctionnel de Colmar pour enregistrement ou diffusion de fichiers pédopornographiques sur internet, un délit que tous disent regretter en plaidant le hasard, l'effet d'entraînement ou - -

COLMAR, Haut-Rhin (Reuters) - Quarante personnes comparaissent depuis mercredi devant le tribunal correctionnel de Colmar pour enregistrement ou...

COLMAR, Haut-Rhin (Reuters) - Quarante personnes comparaissent depuis mercredi devant le tribunal correctionnel de Colmar pour enregistrement ou diffusion de fichiers pédopornographiques sur internet, un délit que tous disent regretter en plaidant le hasard, l'effet d'entraînement ou une erreur de jeunesse.

Originaires de toute la France, les mis en examen, exclusivement des hommes, étaient âgés de 16 à 69 ans au moment des faits et sont représentatifs de tous les milieux sociaux : étudiants, ouvriers, enseignant, commercial, ingénieur et même un prêtre.

Ils encourent jusqu'à cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende.

Quatre mineurs doivent comparaître dans le même dossier devant le juge des enfants.

"L'enquête n'a pas permis de mettre en évidence l'existence d'un réseau de pédophilie. Il n'en reste pas moins qui si vous deviez être condamnés par le tribunal, c'est parce que vous auriez néanmoins enrichi de tels réseaux", a souligné d'emblée la présidente, Martine Al Kanje.

Le procès doit durer trois jours.

Ces internautes avaient été interpellés en janvier 2005 dans le cadre d'un coup de filet lancé sur commission rogatoire d'un juge colmarien enquêtant sur les forums pédophiles fréquentés par un cadre d'entreprise et un militaire mis en examen l'année précédente en Alsace.

Rares sont, parmi les prévenus, ceux chez lesquels les psychiatres ont mis en exergue une dangerosité ou qui ont eu affaire à la justice pour avoir dépassé le stade du voyeurisme.

Plusieurs vivaient ou vivent aujourd'hui en couple. Certains sont mariés et ont de grands enfants.

"J'ai passé beaucoup de temps à en discuter avec mon épouse", raconte ce paysagiste de 51 ans chez qui ont été retrouvés 111 fichiers, mettant principalement en scène des adolescentes.

Il explique avoir rencontré sa femme à 15 ans. "C'était une façon de retrouver l'innocence qu'on avait à cette époque-là", explique-t-il tout en reconnaissant une sorte d'addiction sur fond de difficultés personnelles.

"Mes deux jours de garde à vue, ça a été un véritable électrochoc. Je ne dors plus la nuit. C'est très lourd à porter", dit-il.

Beaucoup étaient à l'orée de l'âge adulte au moment des faits et affirment avoir fréquenté ces forums pédophiles par glissements successifs, à partir d'une quête de sexualité qu'ils n'arrivaient pas à assumer dans la vie réelle.

Ainsi de ce prêtre étudiant de 36 ans se faisant appeler "Aline-coquine" sur la toile qui recherchait des photos de "femmes et de couples" et assure n'avoir enregistré des photos d'enfants que "par mégarde".

"Plus de 800, ça fait beaucoup d'erreurs", s'étonne la présidente.

Certains ne sont poursuivis que pour avoir capté ou diffusé des images pornographiques de jeunes filles à peine moins âgées qu'eux à l'époque et semblent avoir tourné la page.

Reste, chez l'un ou l'autre, une difficulté à analyser les faits.

"Je voulais comprendre pourquoi on faisait mal aux enfants", assure encore aujourd'hui cet automaticien de 27 ans marqué par l'affaire Dutroux, une affaire de viols et de meurtres d'enfants qui a meurtri la Belgique dans les années 1990.

Gilbert Reilhac, édité par Patrick Vignal