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Police-Justice

Des gendarmes à vélo, faute de carburant

Gendarmerie départementale

Gendarmerie départementale - -

Des instructions données en février dernier font état d'une baisse du budget carburant et véhicule de la gendarmerie, de l'ordre de 7%, sur tout le territoire. Conséquence : dans certaines brigades, on demande aux gendarmes de ressortir les vélos.

« Quand on partait de bon matin, quand on partait sur les chemins. A bicyclette ». Au-delà de l’image sympathique de la chanson d’Yves Montand, la perspective de la baisse du budget carburant/véhicule de la Gendarmerie nationale inquiète sérieusement dans la corporation. Dans la circonscription d’Avignon par exemple, il est question d’une patrouille sur cinq à réaliser à pied ou à vélo. Si ces patrouilles peuvent être efficaces sur des territoires précis comme les centres villes piétons et certains lotissements, elles s’avèrent inadaptées dans beaucoup de situations.

« Est-on crédible quand on circule sur un vélo ? »

Pour certains gendarmes, c’est même un véritable retour en arrière qui est à craindre avec cette directive. C’est ce que pense un commandant de gendarmerie qui s’est confié anonymement sur RMC : « On revient vingt ans en arrière. Est-ce qu’on est efficace sur un vélo si on doit intervenir ? Est-ce qu’on est crédible au sein de la population lorsqu’on circule sur un vélo parce qu’on n’a pas de carburant ? Les gendarmes sortiront moins. Ils vont être obligés de rayonner sur un petit secteur, sur un petit circuit, au détriment de celui qui habite à l’autre bout de la circonscription. Il ne verra les gendarmes qu’une fois tous les quinze jours ou tous les mois alors qu’il avait l’habitude de les voir au moins une fois à deux fois par semaine. Maintenant, ce ne sera plus le cas ».

« Il faut que le gendarme puisse se déplacer vite »

Christian Heitzmann est adjudant de gendarmerie à la retraite et modérateur du site « Gendarme et citoyen ». Quand on lui parle de reprendre le vélo, ça le fait plutôt sourire : « Le problème de se promener à vélo, je dis bien se promener parce que même si c’est du boulot, c’est de la promenade, c'est que pour aller pédaler derrière une voiture… Les collègues se plaignent déjà d’avoir des véhicules qui ont de l’âge, des véhicules qui ont des kilomètres. Ils ont déjà du mal à poursuivre des auteurs d’infractions, je parle surtout pour la grande délinquance, pour courir après en vélo, je crois que ça va être comique. Le gendarme au bord de la route, c’est une chose. Le gendarme visible, c’est très important aussi. Mais, il faut que le gendarme puisse se déplacer et se déplacer vite donc par définition, ça ne peut pas aller ».

« On restreint également les budgets entraînement et instructions »

Le colonel de gendarmerie à la retraite Jacques Bessi est le président de l’association de défense des droits des militaires. Il a expliqué sur RMC que le budget carburant/véhicule n'était pas le seul à avoir été amputé : « On restreint également les budgets de tout ce qui est entraînement et instruction donc la formation du personnel. Des personnels qui sont moins formés ce sont des personnels qui sont moins performants, ce sont des personnels qui peuvent même être dangereux, je pense à l’utilisation des armes. Il y a des gendarmes qui tirent à peine une fois par an. Donc en cas d’intervention, en cas de nécessité de faire usage d’une arme, il peut y avoir un accident. Il y a aussi restrictions en matière de munition pour l’entraînement ».

La Rédaction avec Lionel Dian