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Des chiens mettent leur truffe dans les enquêtes françaises

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par Catherine Lagrange LYON (Reuters) - Les chiens viennent désormais mettre leur truffe dans les enquêtes judiciaires françaises. L'odorologie,...

par Catherine Lagrange

LYON (Reuters) - Les chiens viennent désormais mettre leur truffe dans les enquêtes judiciaires françaises.

L'odorologie, dernière née des techniques criminalistiques, est devenue l'une des spécialités de la sous-direction de la police technique et scientifique d'Ecully, en banlieue lyonnaise, qui possède la seule unité spécialisée en France.

Mise en place à partir de 2003, après celle de l'empreinte génétique, cette technique est basée sur l'identification des odeurs corporelles par des chiens dressés qui travaillent en laboratoire. Elle a été utilisée dans 307 affaires depuis sept ans et a donné 117 réponses positives, parfois contestées.

"C'est une technique qui vient en aide à l'enquête judiciaire en fournissant des indices, comme les empreintes digitales, les empreintes génétiques, la balistique ou le témoignage pour concourir à l'établissement de la preuve d'un crime ou d'un délit et identifier son auteur", explique Bruno Pereira-Coutinho, directeur de cette unité.

Très utilisée dans les pays d'Europe de l'Est après la guerre, et aujourd'hui remise au goût du jour, l'odorologie s'appuie sur la méthode du "transfert d'odeur".

Un technicien équipé d'une combinaison et de gants vient récupérer l'odeur de la personne à identifier sur un objet qui a été en sa possession en la "transférant" sur un tissu spécial capable d'absorber les odeurs.

Ce textile est par exemple déposé sur un siège de voiture ou un téléphone portable pendant une heure et protégé par un papier aluminium avant d'être enfermé dans un bocal.

L'odeur du suspect, récupérée avec un tissu identique frotté sur ses mains est ensuite placée dans un autre bocal soumis au chien renifleur au milieu de quatre autres.

Dunak, l'un des cinq chiens de l'équipe cinéphile d'Ecully composée de bergers allemands et malinois, est capable d'identifier sans hésitation l'odeur correspondante au milieu de cette série en trois secondes. La recherche est validée par plusieurs exercices et avec plusieurs chiens.

LE CHIEN, MEILLEUR CAPTEUR D'ODEURS

"La puissance olfactive du chien est cent fois supérieure à celle de l'homme", indique Guillaume Le Magnen, chef de la division criminalistique de l'identification judiciaire.

"Le chien est le meilleur capteur utilisable aujourd'hui, il n'a aucun équivalent", ajoute-t-il.

"L'odeur humaine est unique et déterminée génétiquement, sauf dans le cas très précis de jumeaux homozygotes vivant sous le même toit", poursuit Bruno Pereira-Coutinho.

Une unicité "fondamentale" sans laquelle cette technique n'aurait pas de fiabilité.

Les promoteurs de l'odorologie reconnaissent toutefois les limites de l'exercice.

"L'odeur est très volatile et n'est plus exploitable 96 heures après le contact", explique Guillaume Le Magnen, qui précise même que "90% des résultats positifs se situent en réalité dans les 24 heures après le contact".

Mais la véritable limite de cette technique réside dans le fait qu'aucune banque d'odeur n'est encore réalisable sur une base informatique, comme c'est le cas pour les fichiers d'empreintes digitales ou génétiques.

"Un jour, on modélisera les odeurs sur informatique, mais il faut encore 20 ans de recherche", estime Guillaume Le Magnen.

En attendant, la banque d'odeur prend la forme de rangées de bocaux qui conservent leur contenu pendant plus de dix ans.

L'odorologie a été utilisée récemment pour identifier un suspect dans l'affaire de l'attaque à main armée du casino d'Uriage (Isère) en juin dernier.

Sa trace avait été relevée sur le siège du conducteur de la voiture qui avait servi au cambriolage. Les magistrats, considérant qu'il n'y avait pas de charges suffisantes contre le suspect, avaient refusé de le placer en détention préventive.

Edité par Yves Clarisse