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Police-Justice

Des chercheurs autorisés à tenter de réveiller un patient du coma

Les médecins du CHRU de Strasbourg sont autorisés à réveiller un patient dans le coma depuis juillet 2013.

Les médecins du CHRU de Strasbourg sont autorisés à réveiller un patient dans le coma depuis juillet 2013. - -

La famille du patient est divisée. Si son épouse est contre la tentative, des frères et sœurs de l'homme, dans le coma depuis le mois de juillet 2013, y sont favorables.

Le tribunal administratif de Strasbourg a autorisé mardi les médecins d'un patient plongé dans le coma à tenter de le réveiller, malgré l'opposition de son épouse qui craint une "obstination déraisonnable".

Les "soins d'éveil" envisagés par le service de neurochirurgie du CHU de Strasbourg sur ce patient, plongé dans le coma depuis un grave accident survenu en juillet 2013, "ne peuvent pas être qualifiés d'inhumains ou dégradants", a estimé le tribunal, donnant ainsi tort à l'épouse qui l'avait saisi en urgence.

En outre, tenter des "soins d'éveil" ne "remet pas en cause la mise en œuvre éventuelle" de la loi Leonetti de 2005 sur l'arrêt des traitements visant à un "maintien artificiel" de la vie, fait valoir le tribunal. L'équipe médicale a d'ailleurs fait valoir que, "si la situation devait évoluer défavorablement, toutes les options resteraient ouvertes, même un arrêt des soins".

"Une amélioration notable" de son état

Le 2 avril, le patient a été transféré de l'hôpital de Colmar à celui de Strasbourg car les équipes médicales considèrent qu'il peut être tenté de le réveiller. Elles font valoir qu'une "amélioration notable" de son état "peut être envisagée", puisqu'il répond à certaines stimulations de son environnement et qu'il peut ressentir des émotions.

La famille est divisée. Certains proches du malade, notamment plusieurs de ses frères et soeurs, sont favorables à cette option. Mais d'autres pensent que "la gravité des lésions cérébrales pourrait engendrer un handicap probablement inacceptable pour le malade", selon le tribunal.

Une "obstination déraisonnable", juge la femme du patient

L'épouse, en particulier, fait valoir que son mari lui avait fait part de sa volonté "de ne pas se trouver confronté un jour à un état grabataire". Elle redoute aujourd'hui une "obstination déraisonnable" et un "risque de maintien artificiel en vie irréversible" qui amènerait son mari vers "un état de conscience minimale sans dignité", selon le tribunal. Elle redoute en particulier que son mari soit "tout au plus (...) conscient de son état et donc en souffrance possible", mais sans pour autant être en mesure de se prononcer lui-même sur la poursuite ou l'arrêt des soins.

En attendant, l'épouse a demandé au tribunal d'ordonner une expertise médicale pour "lever les incertitudes". Selon une porte-parole du tribunal, cette expertise devrait être prochainement ordonnée, car les équipes médicales, à Colmar comme à Strasbourg, ne s'y opposent pas.

Jé.M. avec AFP