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Police-Justice

Débat d'experts sur la responsabilité du meurtrier de Valentin

Les experts psychiatres se sont affrontés vendredi devant la cour d'assises de l'Ain autour du cas de Noëlla Hego et Stéphane Moitoiret, poursuivis pour le meurtre du petit Valentin, 10 ans, tué de 44 coups de couteau en juillet 2008 à Lagnieu (Ain). /Pho

Les experts psychiatres se sont affrontés vendredi devant la cour d'assises de l'Ain autour du cas de Noëlla Hego et Stéphane Moitoiret, poursuivis pour le meurtre du petit Valentin, 10 ans, tué de 44 coups de couteau en juillet 2008 à Lagnieu (Ain). /Pho - -

par Catherine Lagrange BOURG-EN-BRESSE, Ain (Reuters) - Les experts psychiatres se sont affrontés vendredi devant la cour d'assises de l'Ain autour...

par Catherine Lagrange

BOURG-EN-BRESSE, Ain (Reuters) - Les experts psychiatres se sont affrontés vendredi devant la cour d'assises de l'Ain autour du cas de Noëlla Hego et Stéphane Moitoiret, poursuivis pour le meurtre du petit Valentin, 10 ans, tué de 44 coups de couteau en juillet 2008 à Lagnieu (Ain).

Le procès à Bourg-en-Bresse de ces deux routards au profil pathologique avéré pose la question de la responsabilité pénale des malades psychiatriques.

Pendant l'instruction, pas moins de dix experts psychiatriques se sont penchés sur leur cas afin de déterminer leur degré de responsabilité pénale.

Six ont conclu à un "discernement altéré" de Stéphane Moitoiret au moment des faits, ce qui a permis la tenue du procès. Mais quatre autres ont penché pour une "abolition du discernement", une position que la défense compte exploiter.

Devant la cour d'assises, le docteur Agnès Peyramond a confirmé devant les deux accusés pétrifiés, le regard dans le vide, sa position en faveur d'une responsabilité pénale du couple et particulièrement de l'auteur des coup de couteau.

Elle a décrit "un cas rare de folie à deux" du couple embarqué depuis vingt ans dans une errance mystique sur les routes de France et d'Italie. Tous deux s'imaginaient investis d'une mission divine, elle se prenant pour Dieu et se faisant appeler "Sa Majesté", lui adoptant le rôle du serviteur.

"Il est atteint de troubles psychiatriques ayant altéré son discernement, sans toutefois l'abolir", a estimé Agnès Peyramond. "Aujourd'hui, cette cour d'assises a un sens, pour la famille de la victime, pour Noëlla Hego et pour Stéphane Moitoiret, pour la partie de leur personnalité connectée à la réalité", a-t-elle ajouté.

Stéphane Moitoiret avait annoncé à sa campagne avoir tué un enfant et s'être débarrassé de ses effets personnels tachés de sang et n'a par la suite, malgré l'existence de preuves génétiques, jamais réitéré ses aveux, évoquant l'existence d'un "sosie".

"ON NE MET PAS LES FOUS EN TAULE"

"Il ne s'approprie pas les actes, ce qui est rare: un psychotique reconnaît toujours ses actes", a argumenté le docteur Peyramond.

"Il n'arrive pas à s'approprier les faits car il les juge graves", a-t-elle ajouté, soulignant qu'après le meurtre, Stéphane Moitoiret avait mis en place "un plan bien ancré dans la réalité, montrant une volonté d'échapper à la justice".

L'expert a expliqué avoir traité dans sa carrière un "pourcentage assez faible" de psychotiques présentés devant une cour d'assises et les avoir, dans un certain nombre de cas, déclarés irresponsables.

Le docteur Paul Bensussan, qui avait défendu en vain la thèse de l'irresponsabilité pénale de Stéphane Moitoiret, a laissé éclater sa colère devant la cour d'assises.

"C'est la première fois de ma vie que je vois deux dingues dont la place est à l'asile, dans le box des accusés de la cour d'assises !" s'est-il écrié. "Ce que ce rapport psychiatrique contient est du pipeau, c'est du négationnisme de diagnostic."

Il a décrit Moitoiret comme "un grand schizophrène" et expliqué sa présence devant la cour par des raisons politiques.

"Il y a eu un crime atroce, d'une sauvagerie inouïe, et les experts, la justice, les politiques promettent aux parents que l'assassin sera jugé. Les experts précédents sont assez dingues pour voir juger un fou", a-t-il dit.

Il déplore le mensonge dont les parents de la victime sont, à ses yeux, victimes. "On leur fait croire qu'ils auront des explications alors que le 'barge' qui est là ne peut pas leur en fournir", a-t-il dit.

"Dans les classiques de la sanction pénale, on ne met pas en taule les fous, c'est valable depuis l'antiquité", a conclu l'expert, prédisant que l'accusé "passera plus de temps dans un asile que derrière les barreaux".

Edité par Gérard Bon