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Police-Justice

De nouvelles révélations, explosives, dans l'affaire Woerth-Bettencourt

Les nouvelles révélations de l'ancienne comptable de Liliane Bettencourt pourraient avoir l'effet d'une bombe pour Eric Woerth et Nicolas Sarkozy si elles étaient avérées.

Les nouvelles révélations de l'ancienne comptable de Liliane Bettencourt pourraient avoir l'effet d'une bombe pour Eric Woerth et Nicolas Sarkozy si elles étaient avérées. - -

D'après l'ancienne comptable de Liliane Bettencourt, Eric Woerth et Nicolas Sarkozy auraient reçu de l'argent liquide de la part de la milliardaire. En l'absence de preuves, l'enquête est ouverte.

Publiées sur le site Internet Mediapart , ces révélations pourraient bien avoir l'effet d'une bombe. Claire T., comptable et femme de confiance de Liliane Bettencourt, a consigné tous les retraits d’argent qu’on lui demandait d’effectuer, ainsi que l’identité des personnes auxquelles ils étaient destinés. Elle disposait d’une autorisation de retrait à la banque de 50 000 euros par semaine.

Hier soir, Claire T. a de nouveau été entendue par la brigade financière de Paris. Devant la police judiciaire elle a fait des révélations, sur le rôle d’Eric Woerth notamment et sur le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.

Elle a continué chez nos confrères de Mediapart. Voici son témoignage, à prendre, pour le moment, au conditionnel : « C'était à la fin du mois de mars 2007. Patrice de Maistre, qui était devenu celui qui "s'occupait" des politiques (…) m'a convoqué pour me demander d'aller retirer à la banque une somme trois fois supérieure à l'habitude, à savoir 150.000 euros. J'ai refusé, en expliquant que mon accréditif ne me le permettait pas. Patrice de Maistre m'a répondu : "Mais enfin, c'est pour financer la campagne présidentielle de Sarkozy ! Je dois donner de l'argent à celui qui s'occupe du financement de la campagne, Eric Woerth. Et 50.000 euros, ce n'est pas suffisant".»

Claire T. reprend son récit : «Malgré l'insistance de Maistre, qui a quasiment piqué une crise de nerfs, j'ai refusé (…) Je n’ai retiré que 50 000 euros. Je me souviens de la date de ce retrait destiné à la campagne de Sarkozy : c'était le 26 mars 2007 ».

Et de poursuivre : « Comme les 50.000 euros ne suffisaient pas, Maistre s'est rendu – ou a envoyé quelqu'un, je ne sais pas – en Suisse, pour prélever en urgence le complément, à savoir 100.000 euros. Ensuite, Maistre m'a dit qu'il allait très vite dîner avec Eric Woerth afin de lui remettre, "discrètement" comme il m'a dit, les 150.000 euros. Et le dîner a bien eu lieu très rapidement... ».

« Nicolas Sarkozy venait régulièrement déjeuner ou dîner avec Cécilia », se souvient Claire T. « [Il] recevait aussi son enveloppe, ça se passait dans l'un des petits salons situés au rez-de-chaussée, près de la salle à manger. Ca se passait généralement après le repas, tout le monde le savait dans la maison. Le jour où il venait, lui comme les autres d'ailleurs, on me demandait juste avant le repas d'apporter une enveloppe kraft demi-format, avec laquelle il repartait. Je ne suis pas stupide quand même, inutile de me faire un dessin pour comprendre ce qu'il se passait... ».

"Ses déclarations doivent être prises très au sérieux"

Sur RMC ce mardi matin, Maître Antoine Gillot, l'avocat de Claire T., réagit. Sur le crédit à accorder à ces révélations, il déclare : « Je fais une absolue confiance en ma cliente… Ses déclarations sont à prendre au sérieux. Je voudrais préciser qu’à titre personnel, ma cliente n’a jamais remis d’espèces à quelque politique que ce soit. Elle s’y est toujours refusée… Mais encore une fois, je pense que ses déclarations doivent être prises très au sérieux »

"Elle assume pleinement ce qu’elle a déclaré"

Sur le pourquoi de telles déclarations, Me Gillot ajoute : « Elle fait l’objet d’une pression de la part de la police depuis quelques temps… Elle a été interrogée hier par la BRDP pendant plusieurs heures... Elle a voulu soulager sa conscience parce que tout cela lui pesait… Elle assume pleinement ce qu’elle a déclaré et si elle devait le dire un jour devant le tribunal, je pense qu’elle le confirmera sans ambigüité. »