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Police-Justice

De l'éclipse d'un coup de foudre à la barre du tribunal

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SAVERNE (Reuters) - Un astronome amateur accusé d'avoir persécuté pendant douze ans le personnel d'une auberge de jeunesse responsable à ses yeux...

SAVERNE (Reuters) - Un astronome amateur accusé d'avoir persécuté pendant douze ans le personnel d'une auberge de jeunesse responsable à ses yeux de son échec amoureux a été condamné jeudi à huit mois de prison avec sursis, peine assorti d'une obligation de soins.

Cet homme de 37 ans avait eu le coup de foudre pour une jeune anglaise qui l'avait abordé en août 1999 dans l'auberge de Saverne (Bas-Rhin), où il séjournait à la veille d'une éclipse solaire qu'il venait observer avec son club d'astronomie.

La jeune fille, avec qui il avait discuté pendant seulement vingt minutes, s'était éclipsée elle aussi et les responsables du centre d'hébergement avaient refusé de lui livrer son adresse, concédant seulement la transmission d'un courrier.

L'amoureux éperdu profitait de chaque éclipse de soleil ou de lune pour adresser des menaces à l'auberge de jeunesse: d'abord des appels téléphoniques puis des courriels signés "Censeur cosmique".

Suivirent des inscriptions telles que "Remember 08/99" sur les murs et l'auberge, enfin des tentatives d'incendie, une sur le banc de ses amours, deux autres, dont la dernière en avril 2011, contre la porte de l'établissement.

A la barre, ce grand jeune homme à la démarche gauche et aux allures sages, venu accompagné de sa maman, peine à s'expliquer. "Techniquement parlant, c'est réussi, mais humainement parlant, c'est regrettable", dit-il à propos d'une des mises à feu.

"C'est une sorte de film que je me suis monté", reconnaît-il dans un long texte lu à la fin de l'audience.

Les experts psychiatres ont perçu de graves troubles de la personnalité chez cet introverti, auquel on ne connaît guère d'amis et encore moins d'amies, mais aucune maladie mentale.

"Arrêtez de penser que tout le monde est contre vous", lui a lancé le procureur, Christophe Deshayes, en demandant une peine qui "marque un coup d'arrêt", sans lui faire perdre son emploi, son seul lien social.

Outre la sanction prononcée par le tribunal, "l'incendiaire de l'éclipse" a dû en accepter une autre, sans doute plus cruelle: dans le cadre de la procédure la jeune Britannique a été identifiée et invitée à se manifester. "Elle n'a pas donné suite", a dit la présidente, Nathalie Ronchewski.

Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse