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Dark web, flux financiers, infiltration... Comment enquête-t-on sur les affaires de pédopornographie?

Le parquet de Paris a ouvert samedi une enquête pour détention d'images à caractère pédopornographique visant Pierre Palmade après un signalement effectué auprès des services de police.

Le parquet de Paris a ouvert samedi une enquête pour détention d'images à caractère pédopornographique visant Pierre Palmade après un signalement effectué auprès des services de police. La peine encourue pour ce type de faits est de cinq ans d'emprisonnement et de 75.000 euros d'amende.

Les services de police ont commencé à enquêter à la suite de ce signalement, procédant à des auditions et à des perquisitions. Comment se déroulent les enquêtes des affaires de pédopornographie?

Des contenus qu'il "faut chercher"

Justine Atlan, directrice générale de l'association de protection de l'enfance sur Internet e-Enfance, souligne ce mardi sur le plateau de BFMTV qu'il est "très rare" de tomber sur des contenus pédopornographiques par hasard: "ce sont des contenus qui sont totalement illégaux, comme les contenus terroristes, donc il faut quand même aller les chercher un peu".

"Donc en général, quand on en trouve un, on en trouve beaucoup", ajoute-t-elle.

Plusieurs moyens sont utilisés pour détecter ces contenus et ceux qui les détiennent. Le site de la gendarmerie nationale cite par exemple des "machines qui surveillent les flux de données partagées par les programmes" et repèrent automatiquement les contenus illicites. Certains enquêteurs font aussi des recherches manuelles en ligne, sur le dark web notamment. Ils analysent également des informations publiées sur les réseaux sociaux.

Les paiements en ligne scrutés

Autre moyen de repérer les personnes qui téléchargent des contenus pédopornographiques: les flux financiers. Comme l'explique le ministère de l'Économie sur son site, le service de renseignements Tracfin n'est pas impliqué que dans la lutte contre le blanchiment d'argent. Tracfin identifie les transactions financières qui donnent lieu à l'achat en ligne de prestations de pédopornographie. Selon le ministère de l'économie, en 2021, Tracfin a transmis quinze signalements sur ce sujet aux autorités judiciaires.

"La plupart des dossiers portent sur des paie­ments multiples compris entre 15 € et 35 €, effectués en cryptoactifs au bénéfice de sites hébergés sur le darknet et connus pour diffuser des contenus à caractère pédopornographique", ajoute le ministère.

Le site de la gendarmerie nationale mentionne aussi la cyber-infiltration, qui consiste à se faire passer pour un mineur et donner rendez-vous à la personne soupçonnée de pédocriminalité. Enfin, dans les forces de l'ordre procèdent généralement à des perquisitions qui permettent notamment de récupérer les ordinateurs et téléphones des suspects et d'en explorer l'historique.

Une "explosion" de la pédopornographie en ligne

Justine Atlan affirme toutefois que beaucoup de ces contenus illicites se trouvent dans "des espaces qui ne sont pas contrôlés, comme des messageries privés". "Comment fait-on pour que les services de police aillent dans ces espaces dits 'privés'" et, dans le même temps, "ne pas nuire à la vie privée?", demande-t-elle.

Ce type d'infraction est en augmentation, selon la gendarmerie nationale, qui écrit sur son site que "les enquêteurs spécialisés dans la répression de l’exploitation sexuelle des mineurs sur Internet font face à une explosion de la pédopornographie en ligne". 

Sophie Cazaux