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Police-Justice

D’un cours sur la liberté d’expression à un assassinat: les 10 jours qui ont précédé l’attentat de Conflans

Le destin de Samuel Paty a basculé dès lors qu'un parent d'élève s'est plaint, via les réseaux sociaux, du fait qu'il montre des caricatures de Mahomet dans le cadre d'un cours.

Tout a très vite basculé pour Samuel Paty, ce professeur d'histoire-géographie d'un collège de Conflans-Sainte-Honorine, sauvagement décapité ce vendredi en fin d'après-midi. Son assaillant, un Tchétchène âgé de 18 ans, est venu d'Évreux, dans l'Eure, jusqu'aux Yvelines (environ 90 kilomètres de distance) pour assassiner sa victime, coupable selon lui d'avoir offensé le prophète Mahomet.

C'est le cours dispensé par Samuel Paty le 5 octobre qui serait à la racine du drame. Ce jour-là, l'enseignant veut parler à ses élèves de 4ème de liberté d'expression. Il entend leur montrer des caricatures de Mahomet pour illustrer ce concept mais, en amont, prévient ses élèves musulmans que ces dessins pourraient les choquer et, par conséquent, les invite à quitter la salle s'ils le souhaitent.

Plainte déposée

Trois jours plus tard, le 8 octobre, le père indigné d'une élève de l'établissement décide de déposer plainte contre Samuel Paty. Selon nos informations, il s'agit manifestement du père actuellement en garde à vue. Il avait diffusé une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle il qualifiait l'enseignant de "voyou" pour avoir montré des caricatures de Mahomet "nu" pendant un cours dans la classe de sa fille.

Un signalement a par ailleurs été fait auprès de Rodrigo Arenas, coprésident de la FCPE, la première association de parents d'élèves. Il fait état d'un "père extrêmement énervé". L'enseignant aurait, selon Rodrigo Arenas, montré un dessin du prophète accroupi avec une étoile dessinée sur ses fesses et l'inscription "une étoile est née".

Diffamation

Lundi 12 octobre, l'enseignant est entendu et les policiers lui révèlent le contenu de la plainte du père de famille. Le professeur découvre, stupéfait, que ce père parle d'une élève qui ne fait pas partie de sa classe. Il raconte le cours qu'il a fait, qui portait bien sur les caricatures de Mahomet. Il dit avoir proposé à des élèves qui ne voulaient pas assister à ce cours d'en sortir.

Au vu des accusations dont il fait l'objet, Samuel Paty décide à son tour de déposer plainte, non pas pour violences ou menace, mais pour diffamation et dénonciation calomnieuse. Quatre jours plus tard, il est retrouvé décapité et son assaillant est abattu par les forces de l'ordre dans le Val-d'Oise, à quelques encâblures du lieu de ce meurtre violent et dont le poids symbolique est indéniable.

Par Sarah-Lou-Cohen avec Jules Pecnard