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Police-Justice

Covid-19: il n'avait pas pu dire au revoir à son père mort pendant le confinement et fait condamner l'État

Image d'illustration - Un contrôle de gendarmerie.

Image d'illustration - Un contrôle de gendarmerie. - Damien MEYER / AFP

L'État a été condamné à verser 10.000 euros de frais de préjudice à Patrice Dupas, qui n'avait pas pu dire au revoir à son père mort d'un cancer pendant le premier confinement dû au Covid-19.

Un soulagement. Empêché de rendre visite à son père mourant pendant le premier confinement en avril 2020 pour lutter contre la pandémie de Covid-19, Patrice Dupas a eu gain de cause auprès de la justice, comme le rapporte Le Parisien.

L'État doit verser 10.000 euros en réparation des préjudices causés à ce vigneron de Loir-et-Cher.

"Ils m’ont volé mon père et je n’y suis pour rien! Avec ce jugement, le sentiment de culpabilité s’en va. Je ne suis pas responsable…", a-t-il souligné auprès du quotidien francilien qui a suivi l'affaire depuis ses débuts.

Un début très exactement le 4 avril 2020. Son père, Claude Dupras alors âgé de 82 ans, avait été diagnostiqué deux semaines plus tôt d'un "cancer de l'urètre, qui s'est étendu au foie, aux os et au péritoine".

Sachant que l'état de santé de son père se dégrade, le quinquagénaire a décidé de se rendre à son chevet, à 300 kilomètres de son domicile, sur l'Île de Ré (Charente-Maritime). Cependant, à cette période, le strict confinement restreignait toute circulation. Avant de partir, il a donc contacté la brigade numérique de la gendarmerie nationale qui lui a assuré que son cas s'applique au "motif familial impérieux".

"Je dors beaucoup mieux désormais"

Une fois aux portes de l'île de Ré, les gendarmes n'ont rien voulu savoir. Malgré l'intervention de sa belle-mère, du médecin généraliste de son père, et la preuve de ses échanges avec la brigade numérique, Patrice Dupas a écopé d'une amende de 135 euros pour violation du confinement. Et s'est vu contraint de faire demi-tour. Claude Dupras est mort cinq jours plus tard.

"Les derniers mots que m'a dits mon père au téléphone, 'Ne t'inquiète pas, on se reverra', je ne pourrai jamais les oublier", avait-il alors confié au Parisien.

Deux semaines plus tard, la gendarmerie avait reconnu ses torts et avait annulé l'amende en question. Indigné par la situation, Patrice Dupas avait tout de même intenté une action en justice au printemps 2022. Une justice qui lui a donné raison. Le 19 décembre 2023, le tribunal judiciaire de La Rochelle a décrété qu'il y avait eu une " faute lourde de l’État".

"L’État vient de nous signifier qu’il ne fera pas appel. Les gendarmes ne se sont pas contentés de faire une bêtise, ils l’ont assumé jusqu’au bout avec une contravention. Claude Dupas n’a pu revoir son fils. Et son fils n’a pu saluer son père une dernière fois", a déclaré au Parisien son avocat, Me Kévin Gomez, pour qui il s'agit "d'un excellent jugement".

"Je dors beaucoup mieux désormais", a assuré Patrice Dupas. "De là-haut, j’espère qu’il est content".

Juliette Brossault