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Police-Justice

Coronavirus: le Rassemblement national veut obliger les détenus à fabriquer des masques

Photo d'illustration d'une prison

Photo d'illustration d'une prison - PHILIPPE LOPEZ / AFP

Les députés du parti ont déposé une proposition de loi dans laquelle ils suggèrent de rendre obligatoire la production de masques par les prisonniers en cas de "crise nationale exceptionnelle".

"Depuis près d’un mois, des détenus confectionnent déjà des masques dans plusieurs prisons françaises, mais ils sont volontaires: le travail en prison n’est plus obligatoire depuis 1987. Le Rassemblement national souhaite que tous "participent à l’effort de guerre": ses parlementaires ont déposé ce mardi une proposition de loi à l’Assemblée nationale pour obliger les quelque 61.000 prisonniers français à fabriquer des masques afin de protéger la population du coronavirus. 

Une mesure "de bon sens"

Dans la proposition de loi, les députés Marine Le Pen, Sébastien Chenu, Louis Aliot, Ludovic Pajot, Nicolas Meizonnet, et Bruno Bilde rappellent que "les masques de protection manquent cruellement" en France pour faire face à l’épidémie et estiment qu’il faut "dans les meilleurs délais réunir une main d’œuvre en nombre suffisant".

Il "apparaît de bon sens de recourir massivement aux détenus afin de participer à l’effort de guerre en fabriquant des masques", estiment les élus frontistes, ajoutant que cette production doit revêtir un caractère obligatoire "en cas de situation de crise nationale exceptionnelle, de situation de catastrophe naturelle, sanitaire ou de déclaration d’état d’urgence."

La proposition de loi souligne que les masques peuvent tout à fait être réalisés par des personnes sans "qualification pointue" et que cette production ne nécessiterait pas, selon eux, "une logistique insurmontable pour le système carcéral".

"Il y a plus de volontaires que de places"

Depuis la loi du 22 juin 1987, le travail des individus incarcérés n’est plus obligatoire en France, il doit se faire sur la base du volontariat. "Les personnes détenues peuvent travailler en prison, si elles le souhaitent", peut-on lire sur le site de l'administration française. "Il y a plus de volontaires que de places" disponibles, que ce soit pour le travail en général ou la fabrication de masques, souligne la Chancellerie auprès de BFMTV.com.

Dès mars, des dizaines de détenus ont fait part de leur volonté de participer à des ateliers de confection. L’agence des travaux d'intérêt général (TIG) a piloté ce programme durant le confinement. Actuellement, une dizaine d’établissements pénitentiaires fabriquent des masques, au Val-de-Reuil, à Saint-Martin-en-Ré ou encore Arles.

8000 masques par jour

Au total, 8000 masques réutilisables sont produits chaque jour depuis les prisons, se félicite le ministère de la Justice. Selon les dernières données disponibles, environ 150 prisonniers ont pu accéder à l’un de ses postes mis en place grâce à deux entreprises partenaires, Boldoduc et Résilience.

Les élus RN suggèrent par ailleurs que "les revenus générés par l’activité des personnes détenues sont affectés en priorité au financement de l’effort national, à l’indemnisation des victimes des catastrophes ou des événements ayant entraîné la déclaration d’état d’urgence".

Un tiers des masques fabriqués est envoyé directement aux agents du ministère - dont les surveillants pénitentiaires -, les deux autres au personnel soignant. Pour ce travail, les détenus reçoivent une gratification qui n’a pas l’obligation de s’aligner sur le smic, mais ne peut s’abaisser en dessous de 1,60 euro par jour.

Esther Paolini