Corbeil-Essonnes: la justice va enquêter sur des soupçons d'achats de vote

Le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour corruption, abus de bien sociaux, blanchiment et achat de votes lors des élections municipales de 2008 à 2010 à Corbeil-Essonnes, fief électoral de l'industriel Serge Dassault.

Une information judiciaire a été ouverte à Paris pour achat de votes, corruption, blanchiment et abus de biens sociaux sur les campagnes municipales organisées de 2008 à 2010 à Corbeil-Essonnes, et remportées par Serge Dassault, puis son bras droit, Jean-Pierre Bechter, a révélé vendredi L'Express.

Désormais, "un juge d'instruction va se plonger au coeur du système" de Serge Dassault, maire UMP de Corbeil-Essonnes de 1995 à 2008, note l'hebdomadaire.

Cette information judiciaire fait suite à une enquête préliminaire lancée en 2010 suite à un signalement du Tracfin (Traitement du Renseignement et Action contre les Circuits Financiers clandestins), qui avait repéré des flux d'argent suspects.

Les doutes remontent à 2007

De premiers soupçons avaient déjà été évoqués en 2007, notamment par un article du Canard Enchaîné, qui affirmait qu'un conseiller municipal avait perçu un versement de 500.000 euros sur son compte bancaire, effectué par... Serge Dassault. Mais, le dossier avait été à l'époque classé sans suite.

Revirement en 2009. Mis en cause par plusieurs habitants de Corbeil - qui évoquaient des dons d'argent contre des voix - Serge Dassault voit son élection annulée. "S'agissant des comptes de campagne, le Conseil d'Etat a rejeté celui du maire sortant, en raison des dons d'argent effectués par ce dernier pendant la période électorale, dont les montants n'étaient pas retracés par le compte", expliquent les juges à l'époque.

Résultat, Serge Dassault est déclaré inéligible pour un an aux fonctions de conseiller municipal.

De l'argent distribués aux militants et électeurs

Après l'invalidation de son élection, c'est Jean-Pierre Bechter qui a succédé à Serge Dassault (en 2010).

Et là encore, des soupçons planent autour de l'élection. Une enquête sur des présomptions d'achat de voix (lors des élections de 2008 et 2010) est alors ouverte par le parquet d'Evry.

Puis c'est au tour du parquet de Paris de se saisir du dossier. Entre-temps, le Canard Enchaîné révèle que de l'argent aurait transité par le Liban avant d'être remis à des intermédiaires chargés d'acheter des voix. Serge Dassault, PDG du groupe d'armement Dassault, est désormais au centre du viseur... judiciaire.

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