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Police-Justice

Condamné pour avoir menacé de couper le zizi d'un élève

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Un instituteur a écopé d'une amende pour avoir menacé un élève de CM1 qui montrait son sexe devant ses camarades, de « couper tout ce qui dépasse ». Une condamnation loin de faire l'unanimité, y compris chez les parents d'élèves.

En Côte-d'Or, un instituteur a été condamné lundi 11 mai à une amende de 500 euros avec sursis par le Tribunal correctionnel de Dijon. Il est reconnu coupable de « violence sans incapacité sur un mineur de moins de 15 ans ». En septembre 2008 à Liernais en Côte d'Or, Jean-Paul Laligant, 52 ans, avait menacé un élève de CM1 âgé de 9 ans, qui montrait son sexe devant ses camarades, de « couper tout ce qui dépasse », en brandissant un cutter. Ce sont les parents qui ont porté plainte.

La mère du garçon : « J'ai tout de suite regretté... »

La maman, qui souhaite rester anonyme, a accepté de s'exprimer au micro d'RMC : « mon fils n'a pas été traumatisé par l'attitude de l'instituteur. Les autres enfants, oui. Affolés en sortant de l'école, ils ont raconté ça à leurs parents le soir même. Tous les parents sont alors venus vers moi en me disant : vous vous rendez compte de ce qu'il a fait à Julien, vous ne savez pas de quoi il est capable, etc. C'est sûr que ça fait peur. Les parents ont tissé des tissus d'âneries et c'est monté quand même jusqu'aux gendarmes. J'ai déposé plainte, mais 2 jours après, j'ai voulu la retirer. Je vous le dis franchement, le soir même j'en étais malade, parce que je ne voulais pas du tout que ça en arrive là. J'ai regretté mon geste après. »

Jean-Paul Laligant : « Le gamin sait que c'est pour rigoler »

Suspendu de ses fonctions depuis fin novembre dernier, Jean-Paul Laligant, qui dit avoir prononcé cette phrase sur le ton de la plaisanterie, explique pourquoi il va faire appel : « il n'y a eu ni violence physique, ni morale, et je suis quand même condamné. Les gamins sont tout à fait au courant : quand je leur dis "je vais te couper les oreilles en pointes" ou un truc comme ça, ils savent très bien qu'on va pas le faire. Alors quand je dis "je vais couper tout ce qui dépasse", il sait très bien que c'est pour rigoler. Même les gamins d'il y a 30 ans n'y croyaient pas, alors ceux de maintenant, qui sont nettement plus dégourdis, n'y croient pas du tout. Mais il y a 30 ans, je pense que l'enseignant avait une aide de sa hiérarchie ; là pour moi, c'est plutôt inexistant. »

Vers une judiciarisation à outrance ?

Jean-Claude Vanier est instituteur, directeur d'une école dans le canton de Liernais, et membre du syndicat Force ouvrière. Il dénonce une volonté de judiciariser l'acte pédagogique. Pour lui, cette sanction a des conséquences pour tous les enseignants : « ils vont maintenant penser à se préserver, avant de se sentir détendus pour enseigner. Quand on est dans les rapports humains, on n'est pas des machines. Dans une classe, il y a de multiples signaux qui arrivent à l'enseignant, qu'il ne peut pas tous gérer de manière parfaitement adéquate à tout moment. Je pense que cette affaire relevait de la hiérarchie de l'Education nationale, et non de la justice. On ne va plus pouvoir enseigner sereinement ; bientôt quand on va mettre une mauvaise note à un élève, on va considérer que c'est une violence, un traumatisme. »

La rédaction, avec Céline Pitelet