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Police-Justice

Comment repérer des signes de radicalisation: à Strasbourg, une délégation forme les agents de la ville depuis le 13-Novembre

Depuis 2016, la mairie de Strasbourg a formé 1000 agents publics à repérer et identifier des comportements pouvant être potentiellement liés à une radicalisation.

"Une société de vigilance". Mardi, lors de l'hommage aux quatre policiers de la préfecture de police de Paris, tués par un collègue radicalisé, Emmanuel Macron a appelé les Français à s'impliquer dans la lutte contre la radicalisation. "C’est la nation toute entière qui doit s’unir, se mobiliser, agir" contre "l'hydre islamiste", a-t-il lancé.

À l'école, dans les entreprises de transport, à l'armée... De nombreux dispostifs de signalisation de la radicalisation existent déjà aujourd'hui. À l'image de la délégation de prévention contre la radicalisation mise en place à Strasbourg (Bas-Rhin), à la suite des attentats du 13 novembre 2015 à Paris.

"La priorité sur les agents en lien avec le public"

Il s'agit de former les agents de la ville qui le souhaitent à reconnaître des signes de radicalisation. "Parmi les comportements préoccupants, le fait de changer subitement ses habitudes, de ressentir un sentiment de victimisation, (...) le fait de légitimer l'emploi de la violence pour défendre une cause", explique à BFMTV Chantal Cutajar, adjointe au maire de Strasbourg en charge de la prévention et de la radicalisation.

"Nous avons plus de 7000 agents, nous en avons d'ores et déjà formé 1000", affirme l'élue. "Nous mettons la priorité sur les agents qui sont en lien avec le public, les clubs sportifs, les écoles..."

Dans un communiqué concernant les mesures à prendre contre la radicalisation, le gouvernement affirme que 28.000 personnes ont ainsi formées en France entre 2014 et 2019. Depuis la mise en place de ce service à Strasbourg en 2016, 25 signalements ont été transmis à la préfecture, dont certains concernaient des agents de la métropole. Après enquête, aucun n'a été inquiété.

"Il y a des remontées d'information pour des cas de non-respect de la laïcité, ou des cas de non-respect de l'égalité homme-femme. Ça n'est pas forcément de la radicalisation", explique Chantal Cutajar.

Des milliers de signalements

Sur le plan national, parmi les autres moyens de signaler une personne potentiellement radicalisée, le site stop-djihadisme.gouv.fr mais également un numéro vert de signalement : 0.800.005.696. 

D'après un rapport de l'Assemblée nationale entre avril 2014 et novembre 2018, il y a eu: "62.011 appels téléphoniques et 5781 formulaires internet. 7304 signalements de radicalisation concernant un ou plusieurs individus ont été transmis aux services spécialisés, 5379 ont fait l’objet d’un suivi, et 2556 continuent d’être suivis par les services".

Malgré l'écroulement du califat de l'État islamique, le phénomène de radicalisation continue. "On a une propagande qui est beaucoup moins massive mais qui existe toujours, qui a intégré cette perte territoriale mais qui est toujours très présente, il y a cette volonté de conserver un califat mental", explique à BFMTV Amélie Chelly, sociologue, membre de l'observatoire contre la radicalisation.

Salomé Vincendon avec Juliette Andrieux et Kévin Drouant