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Comment la police a relayé des comptes Twitter pédopornographiques

La police refuse l'dée d'une maladresse, mais pas sûr qu'ils renouvellent cette expérience.

La police refuse l'dée d'une maladresse, mais pas sûr qu'ils renouvellent cette expérience. - -

Le compte officiel de la police nationale sur Twitter a involontairement donné accès, l'espace de quelques heures, à des comptes pédopornographiques à ceux qui le suivent par une poignée de tweets maladroits.

Accéder d'un clic sur Twitter à des images pornographiques mettant en scène des enfants via la police nationale? L'espace de quelques heures lundi soir, cela était possible, via une poignée de tweets d'une maladresse incroyable. Ce n'était pas le but recherché, mais ça n'en a pas moins choqué quelques uns.

Ces quelques tweets ont été écrits pour mettre en valeur la lutte des services de police contre la diffusion de photographies pédopornographiques, mais aussi de fédérer les internautes autour de ce combat. Il s'agissait de remercier les personnes qui avaient signalé à la police des utilisateurs diffusant des images sexuelles avec des enfants, et de les inviter à aller au bout de leur démarche via la plateforme Pharos.

La personne aux manettes du compte a cependant cru bon de citer dans ses tweets la dizaine de comptes suspects signalés. Problème: au moment des tweets, ceux-ci étaient encore actifs. Il suffisait de cliquer dessus pour y accéder, ainsi qu'aux photos. Pour tous, un accès facile et sans risque à de nombreuses images à caractère pédopornographique.

''C'est une faute professionnelle''

Les utilisateurs de Twitter, écœurés par ces comptes, les ont aussi signalés auprès de Twitter pour qu'ils soient désactivés. Or pour désactiver un compte, il faut... accéder au profil en question.

Sur le Web, pas de problème, on peut le faire depuis une petite fenêtre de résumé qui s'affiche en cliquant sur le nom d'utilisateur. Mais sur mobile, la plupart des applications nécessitent de se rendre directement sur le profil pour pouvoir le signaler. Les images qui y sont publiées s'affichent donc à l'écran.

Un signalement encouragé par la police, puisque c'était là l'esprit de son action: "[MAJ] Les comptes XXX et YYY (noms supprimés par la rédaction) sont down (désactivés, ndlr). Beau boulot les twittos!"

Un signalement encouragé par la police.
Un signalement encouragé par la police. © -

''La stratégie a marché''

Les services de police expliquent à BFMTV.com: "Ces adresses étaient déjà largement connues. Nous répondions à une logique de signalement, d'avertissement des utilisateurs, d'appréhension et d'enquête. C'est un avertissement envoyé à l'ensemble de la communauté, doublé de la procédure à suivre."

Un avertissement qui aurait pu se faire sans lien renvoyant vers les contenus... "La stratégie a marché, elle nous a permis de fermer déjà quatre de ces comptes. De plus, l'initiative a été perçue très positivement sur Twitter." Il est vrai qu'une simple recherche du terme "@pnationale" à cette date montre un retour globalement positif de la part de la communauté.

D'autres utilisateurs de Twitter n'ont pas manqué de saisir l'ironie de la situation.

On pourrait signaler leur compte. RT @cchalancon: A quoi pensent-ils? RT @pierre_alonso: Pour trouver des contenus pedo suivez @PNationale !
— Alexandre Léchenet (@alphoenix) 30 Décembre 2013

Après les pédophiles, demain le compte de la @PNationale vous fera découvrir les comptes ou vous pourrez vous fournir en cannabis.
— Polisse Nationale (@La_Polisse) 31 Décembre 2013

Tu veux des adresses de comptes pédophiles ? Va sur le Twitter officiel de la @PNationale, ils en ont plein. #Genius pic.twitter.com/OGocUSARTc
— ADAN (@ADAN_Officiel) 30 Décembre 2013

Le compte officiel de la @PNationale qui partage des comptes de photos pédos, HEU ?
— Thédel (@ThedelGreen) 30 Décembre 2013

Hum, bravo @PNationale, vraiment malin de partager des adresses de comptes pédophiles...
— Clément Laforge (@Clement_Laforge) 30 Décembre 2013

Maître Dominique Attias, interrogé par BFMTV.com, va dans ce sens: "Avec un peu de mauvais esprit, on pourrait presque parler d'incitation voire de recel, mais il sera opposé le manque d'intentionnalité. C'est de toute façon une faute professionnelle, passible de sanctions administratives, et les associations de protection de l'enfance pourraient porter plainte."

La police refuse l'dée d'une maladresse, mais pas sûr qu'ils renouvellent cette expérience: "Nous n'existons sur Twitter que depuis un an. Nous nous nourrissons de l'expérience pour progresser..."

Olivier Laffargue