BFMTV
Police-Justice

"Commando" au marteau: comment un étudiant de 17 ans a "baladé" les enquêteurs

Le commissariat de Chalon-sur-Saône, où le "commando" au marteau s'est rendu.

Le commissariat de Chalon-sur-Saône, où le "commando" au marteau s'est rendu. - Google StreetView

Un étudiant de 17 ans étaient derrière ce qui n'était qu'une vaste "mise en scène" destinée à "faire les gros titres". En attendant, celui qui s'est rendu lundi au commissariat va être présenté à un juge mercredi.

Une lettre de "reddition" à la Justice, explique Le Parisien, a révélé le pot aux roses. Hors de l'imagination fertile d'un étudiant en histoire de 17 ans, le fameux "Commando au marteau" qui sévissait en Bourgogne n'a vraisemblablement jamais existé. Après l'envoi par mail de sa missive samedi au Journal de Saône-et-Loire et au procureur de la République Damien Savarzeix, le jeune homme s'était présenté lundi de lui-même au commissariat de Chalon-sur-Saône, pour mettre fin à la mauvaise farce. "Vous avez été baladés par un gamin", avait-il alors ironisé. Le frêle gabarit de 1,65 mètre, selon la description d'un journaliste du média local qui l'a croisé, craignait apparemment qu'une perquisition ne soit menée au domicile de sa mère.

La police judiciaire et la DGSI tentaient de coincer les soi-disant terroristes revendiqués de la mouvance ultradroite depuis le mois de septembre. Mais jusque-là, ce "Commando de défense du peuple et de la patrie française (CDPPF)" qui revendiquait une demi-douzaine d'agressions à Chalon et à Dijon avait échappé aux enquêteurs. Et pour cause! Le suspect doit être présenté à un juge d'instruction mercredi, a annoncé le parquet. Il a expliqué être conscient du fait qu'il risque d'aller en prison.

Une complète "mise en scène"

Début novembre, plusieurs attaques ayant causé des blessures légères, au moyen notamment d'un marteau, avaient été revendiquées dans des courriels adressés aux quotidiens régionaux Le Bien public et Le Journal de Saône-et-Loire, au nom d'un groupe d'abord baptisé "commando de défense du peuple et de la patrie française" puis "OAS 26 septembre".

L'expéditeur, qui affirmait vouloir "contrer l'islamisation", avait aussi demandé la libération de militants de la mouvance d'ultradroite et menacé un match de Ligue 1, Dijon-Troyes, le 18 novembre. Mais une des attaques avait été commise au cri d'"Allahou Akbar".

Le jeune homme "explique qu'il s'agissait d'une mise en scène destinée à accroître l'intérêt des médias et brouiller les pistes" et dit "n'avoir eu aucune conviction raciste ou visée politique", a indiqué le procureur mardi. En revanche, tient-il encore à préciser: "Si le commando est une invention, je n'en suis pas moins responsable de tous les actes que j'ai revendiqué dans ces courriels."

Pour échapper aux enquêteurs il avait simplement utilisé un VPN (Réseau virtuel privé permettant de masquer l'adresse informatique de son ordinateur) et d'un logiciel d'anonymisation (en l'occurrence Tor). 

Décrit comme "isolé, immature", il voulait faire les gros titres

Etudiant à Dijon en faculté d'histoire après un cours cursus de droit, sans antécédent judiciaire, il dit "avoir cherché à attirer l'attention sur lui, et il reconnaît éprouver une réelle excitation à voir ses actes faire les gros titres".

Décrit comme "isolé, immature", l'adolescent s'est rendu lundi matin au commissariat de Chalon-sur-Saône, se disant "responsable de tous les actes" revendiqués et précisant avoir agi seul. Placé en garde à vue, il était interrogé mardi dans les locaux de la direction interrégionale de la police judiciaire de Dijon.

"A ce stade des investigations, l'analyse des éléments du dossier permet d'accréditer" l'affirmation qu'il est seul auteur des faits, selon le parquet, qui évoque notamment le degré de précision de ses déclarations.

Des "objets en rapport avec la commission des faits" ont été retrouvés lors des perquisitions à son domicile de Chalon-sur-Saône (où il vivait seul avec sa mère) et dans sa chambre d'étudiant à Dijon, a précisé Damien Savarzeix.

Le "commando" avait revendiqué d'autres faits, comme le braquage d'une pharmacie de Chalon-sur-Saône, vendredi, pour un butin d'environ 200 euros, ou encore plusieurs incendies volontaires à l'université de Dijon en novembre 2017.

David Namias et AFP