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Police-Justice

Chalon-sur-Saône: décision en fin de semaine sur la fin du menu de substitution au porc 

La décision du maire (Les Républicains) de Chalon-sur-Saône Gille Platret de mettre fin dès la prochaine rentrée au menu de substitution au porc dans les cantines de la ville sera examinée mardi par le tribunal administratif de Dijon. (Photo d'illustration)

La décision du maire (Les Républicains) de Chalon-sur-Saône Gille Platret de mettre fin dès la prochaine rentrée au menu de substitution au porc dans les cantines de la ville sera examinée mardi par le tribunal administratif de Dijon. (Photo d'illustration) - Jeff Pachoud - AFP

Annoncée en mars, la décision du maire Gilles Platret (Les Républicains) de mettre un terme aux menus alternatifs en cas de porc dans les établissements scolaires de sa commune de Saône-et-Loire a été contestée mardi devant le tribunal administratif de Dijon.

Est-il possible de mettre fin aux menus de substitution au porc dans certaines cantines françaises? la réponse sera connue en fin de semaine. La décision prise en ce sens par le maire de Chalon-sur-Saône, Gilles Platret, qui souhaite interdire cette pratique dans les établissements de sa ville à partir de septembre en vertu du principe de laïcité a été examinée mardi par le tribunal administratif de Dijon.

Un recours en référé-suspension a été introduit par La Ligue de défense judiciaire des musulmans, présidée par le controversé avocat Karim Achoui, connu pour avoir défendu plusieurs figures du grand banditisme.

Le "traumatisme" de l'enfant 

Un recours en référé-suspension a été introduit devant le tribunal administratif de Dijon par la Ligue de défense judiciaire des musulmans, présidée par le controversé avocat Karim Achoui, connu pour avoir défendu plusieurs figures du grand banditisme. Selon lui, "un enfant serait extrêmement traumatisé si une côte de porc lui était servie et qu'il était obligé de la manger alors qu'il lui est répété dès le plus jeune âge que c'est un interdit alimentaire".

Son confrère Me Jean-Baptiste Jacquenet-Poillot a pour sa part plaidé que cette décision "violait la laïcité", dont la "conception française est une laïcité d'intégration et non d'assimilation". Il a également estimé que le maire était "incompétent pour prendre cette décision de son propre chef".

L'avocat de la mairie de Chalon, Me Philippe Petit, a rétorqué dans sa plaidoirie que "la laïcité était une abstention et non l'obligation positive de fournir à chacun ce qu'il attend pour l'exercice de son culte en exigeant des prestations différenciées". Me Petit a par ailleurs émis un "doute sur la recevabilité" du recours en raison du dépassement du délai de deux mois.

Un autre recours en "excès de pouvoir"

Outre cette procédure d'urgence, dont la décision devrait être rendue quelques jours après l'audience, la Ligue de défense judiciaire des musulmans a également déposé un recours en "excès de pouvoir" pour que ce dossier soit jugé ultérieurement sur le fond. M. Platret, lui, défend sa décision, qui, selon lui, "restitue une pratique laïque dans les restaurants scolaires".

"Dans les faits, 40% des enfants qui mangent à la cantine ne mangent pas du tout de viande car elle n'est pas halal. Ils ont donc plus de légumes et d'entrées pour qu'ils sortent de table sans avoir faim", a souligné le maire de Chalon, précisant que durant la dernière année scolaire, du porc avait été servi "19 fois" au total.

Un menu de substitution au porc était servi dans les cantines scolaires depuis 1984 à Chalon, deuxième ville de Bourgogne en terme de population avec ses 44.500 habitants. 

Une polémique toujours vive

L'annonce mi-mars de la fin prochaine de cette pratique avait déclenché une vive polémique, la décision du maire étant contestée au sein du gouvernement mais aussi dans son propre camp.

La ministre de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem avait alors dénoncé une décision qui prend "en otage les enfants". Plusieurs ténors de droite comme Bruno Le Maire, Christian Estrosi mais aussi le chef de file des députés LR Christian Jacob avaient pris leurs distances avec cette idée, ce dernier affirmant que la ville de Provins dont il est l'édile continuerait à proposer "un menu alternatif".

En revanche, le président du parti Les Républicains Nicolas Sarkozy avait soutenu Gilles Platret.

Un retour du "principe républicain"?

L'Observatoire de la laïcité avait relevé que, "si aucune obligation ne contraint la commune dans le cadre d'un service facultatif, (...) la laïcité ne saurait être invoquée pour refuser la diversité de menus". "Le débat a été très fort dans la sphère médiatique et cette question a passionné les Français, qui le plus souvent étaient favorables", a dit le maire de Chalon, affirmant avoir reçu des "dizaines" de courriers et appels de soutien en mairie.

"Il y a aujourd'hui une aspiration profonde de la société à remettre de la laïcité et au retour du principe républicain", a-t-il ajouté. "D'autres collectivités y pensent", a-t-il affirmé.

Des précédents

Avant Chalon, des décisions similaires avaient été prises à Sargé-lès-Le-Mans (Sarthe) en décembre 2014 et à Arveyres (Gironde) en mars 2013. En juin, la ville de Perpignan a également indiqué qu'elle proposerait désormais un menu végétarien aux enfants ne mangeant pas de porc. Le 2 juillet, le maire (LR) de Toulouse Jean-Luc Moudenc a annoncé la mise en place d'une menu sans viande dans les cantines de ses écoles primaires.

La mairie ne proposait pas de menu alternatif auparavant et le maire a indiqué qu'environ "un tiers" des enfants ne consommait pas la viande proposée. Le maire avait précisé que l'instance de concertation créée par la mairie, Toulouse Fraternité - Conseil de la Laïcité, s'était prononcée unanimement pour cette proposition.

Jé. M. avec AFP