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Police-Justice

« Cette colline, c'est le point faible de la prison »

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C’est depuis une colline surplombant la maison d'arrêt de Varces-Grenoble qu’un sniper a abattu un détenu dans la cour de promenade, en blessant un autre.

Un détenu a été abattu hier dans la maison d'arrêt de Varces-Grenoble (Isère). L'homme a été abattu par un « sniper » qui a tiré à cinq reprises depuis l'extérieur de la prison, visiblement depuis une colline située à environ 200 mètres et surplombant la promenade de l'établissement pénitentiaire. Un suspect, en possession d'une arme, est toujours en garde à vue ce lundi matin à Grenoble.

Un autre détenu qui tentait de porter secours a également été blessé. Les deux hommes étaient liés au grand banditisme selon la ministre de la Justice Rachida Dati, arrivée sur place dans la nuit. Dans son édition de lundi, le Dauphiné Libéré révèle que la victime est Sghaïr Lamiri, qui purgeait une peine de 8 ans de prison pour des braquages qu'il avait commis en 2001 et 2002.

Des incidents ont suivi au sein de la prison puisque certains détenus ont refusé de regagner leur cellule. Un début d'incendie a aussi eu lieu. Eric Poiraud, surveillant à la maison d'arrêt de Varces-Grenoble, est arrivé juste après les 5 coups de feu : « Il y a eu un peu un sentiment de panique. Il y a eu cette mini-émeute qui aurait pu dégénérer, une partie de l'établissement était en feu, donc ça aurait pu être vraiment très dramatique si les pompiers n'étaient pas intervenus très rapidement. Les personnels qui étaient aux premières loges étaient vraiment en état de choc. Les faits sont vraiment très ciblés et exceptionnels, j'ose l'espérer. Mais c'est des faits qui font très peur. On en est à penser au pire, c'est inquiétant. Ca va créer des tensions supplémentaires et on n'avait vraiment pas besoin de ça ».

Téléphones, viande, haschich... volants

Les syndicats avaient déjà dénoncé le danger représenté par la présence de cette colline, accessible par un chemin public. Pascal Rossignol, délégué régional de l'UFAP (Union Fédérale Autonome Pénitentiaire) explique qu'ils ont signalé « des problèmes de type projections. A savoir projections de téléphones portables, projections diverses et variées de type haschich, des cd, de la viande... N'importe quoi passe par-dessus les murs. C'est cette colline qui surplombe l'établissement et qui a permis malheureusement ces tirs. C'est un lieu qui a été identifié par tout le monde au niveau pénitentiaire comme étant un point faible vis-à-vis de cet établissement. Sauf que c'est quelque chose qui est hors domaine pénitentiaire, qui est sur le domaine public. Nous n'avons pas non plus les moyens de limiter les accès sur cette colline, ce n'est pas de notre pouvoir ».

Martin Parkouda, chef d'état-major de la sécurité de l'Administration pénitentiaire, explique que l'administration est « non seulement consciente (de la situation, ndlr) mais elle y apportait déjà des solutions. On connaît le problème, c'est un phénomène ancien, qui a reçu toutes les solutions sauf que ceux qui sont de l'autre côté, ceux qui viennent jeter, trouvent toujours une parade et nous sommes obligés de recommencer. On s'attaquait à des problèmes de projection, et c'est clair que le voisinage ne nous aide pas. En revanche, quelqu'un qui vient se poster sur une colline pour tirer sur des personnes, c'est effectivement quelque chose d'assez particulier et j'espère de dramatiquement exceptionnel ».

La rédaction avec Aurélia Manoli et Florent Germain