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Police-Justice

Cellule de sport pour Abdeslam: un droit "qu'une démocratie se doit de respecter"

Après la polémique sur la cellule de Fleury-Mérogis transformée en "salle de sport" pour Salah Abdeslam, le ministère de la Justice rappelle les conditions de détentions du seul survivant des commandos du 13 novembre.

Thierry Solère se disait "très étonné" que Salah Abdeslam dispose d’une cellule réservée à l’activité sportive. François Fillon trouvait le dispositif "incompréhensible". Placé à l’isolement, le seul survivant des commandos des attentats du 13 novembre bénéficie en effet d’un rameur installé dans une des quatre cellules qui lui sont réservées pour éviter tout contact avec les autres détenus. Ce qui a occasionné une vive polémique. Mais d'autres voix, plus apaisées, se sont fait entendre.

"Le règlement s'applique"

Ainsi, le ministère de la Justice rappelle pour commencer les dispositions d’une circulaire :

"L’isolement n’est pas une mesure disciplinaire. Par conséquent, les personnes détenues placées au quartier d’isolement conservent l’intégralité de leurs droits (…)" et peuvent donc bénéficier d’une salle de sport.

Salah Abdeslam est filmé 24h/24, "une cellule a donc été aménagée afin d’accueillir un rameur et d’être placée sous vidéosurveillance", poursuit le ministère.

Un avis partagé par Georges Fenech, député LR du Rhône, pour qui "c’est le règlement qui s’applique". "À partir du moment où un détenu particulièrement signalé est à l’isolement, on parle bien d'isolement, il doit être totalement isolé" détaille-t-il sur BFMTV.

"Alors ça peut paraître choquant pour l’opinion", poursuit l’élu, mais "il a un certain nombre de droits qu’une démocratie doit respecter".

Avant le procès, "c'est une réponse"

Le respect de la démocratie, un argument aussi avancé par Samia Maktouf, avocate de familles de victimes des attentats du 13 novembre. "Pour faire face à la barbarie que ces terroristes essaient de répandre dans notre démocratie, c'est une réponse" a-t-elle déclaré. Rappelant que s’il en était "autrement" pour les conditions de détention d’Abdeslam, la France "serait condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme".

Pour Alexis Lebrun, le plus important est qu’il y est procès. Le rescapé du Bataclan et porte-parole de l’association "Life for Paris" estime que "l’essentiel c’est qu’il puisse être présent pour le procès qu’il y aura et que s’il faut en passer par là, soit". Sans faire d'autre commentaire.

Un contexte carcéral sous tension

De son côté, Rachida Dati pose quant à elle la question du contexte de l’emprisonnement : pour des détenus "très dangereux", "comme nous n'avons pas, comme au Canada ou en Suède, des prisons sécurisées, adaptées pour ces profils, nous sommes obligés de les mettre à l'isolement". Et de s’interroger sur "les centres spécialisés pour les détenus radicalisés", "ça fait deux ans que ça a été annoncé". Début juin, la directrice de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis tirait la sonnette d'alarme et rappelait que la prison connaît une surpopulation carcérale de 200%.

M.L.