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Police-Justice

Calvaire familial dans le Pas-de-Calais: ce que l'on sait

Le 30 août, la police découvre que plusieurs enfants de Noyelles-sous-Lens sont maltraités par leurs parents. Ces derniers font désormais l'objet d'un contrôle judiciaire, et les enfants, d'un placement provisoire.

Les policiers ont découvert une fratrie vivant dans des conditions jugées indignes dans une maison de Noyelles-sous-Lens (Pas-de-Calais), comme le rapporte la Voix du Nord ce vendredi.

· Une intervention de police le 30 août

À l’origine de cette découverte, un jeune homme de 21 ans. Après s'être rendu au domicile familial, une dispute a éclaté, le poussant à appeler son grand-frère, âgé de 24 ans, pour l'accompagner au commissariat de police, selon nos informations. Il a alors porté plainte contre ses parents auprès des policiers, l'aîné aurait lui simplement fait une déposition.

Le 30 août, la police intervient au domicile. Les membres des forces de l'ordre retrouvent notamment deux enfants de deux et cinq ans, ligotés à leur chaise haute. Ils ne pouvaient en sortir que lorsque les parents le décidaient, et présentaient des retards de développement et d'élocution.

· Des enfants subissaient des sévices et des privations de liberté

En tout, entre six à dix enfants vivaient dans cette maison, selon différentes sources. Ils auraient subi de nombreux sévices. Selon l'Avenir de l'Artois, les parents auraient expliqué que les deux enfants étaient attachés à leur chaise haute "pour les empêcher de commettre des bêtises". L'aîné des enfants est âgé de 24 ans. Le plus jeune n'a que quelques mois. Ils étaient tous scolarisés, mais certains étaient souvent absents.

· Une famille discrète dans le voisinage

Les parents sont décrits comme très discrets, par leurs voisins de Noyelles-sous-Lens. Ils ont des amis, mais pas dans leur voisinage. Ils sont polis, mais entretiennent peu de contact. Les voisins avaient déjà vu certains des enfants, mais personne ne se doutait qu'ils en avaient dix.

"Je ne savais pas, ils avaient l'air bien", rapporte une voisine stupéfaite au micro de BFMTV. "Les enfants étaient polis, ils disaient tout le temps bonjour."

Un ancien camarade de l'un des enfants abonde: "On a été un peu choqué, on ne pensait pas que ça pouvait se dérouler à Noyelles. Après, la famille, on ne la connaissait pas plus que ça. Un des enfants, j'étais en primaire avec lui. Il allait en cours, il avait l'air normal."

· Les proches du couple appellent à la prudence

Interrogée sur BFMTV, la belle-soeur du père, qui n'était pas là le jour de l'intervention des policiers, a expliqué que le père avait un rendez-vous et la mère s'occupait des enfants.

"Elle s'en occupait un par un. Ce sont des enfants en bas âge qui, s'ils marchent par terre, peuvent se cogner. La maman était en train de donner le biberon à la plus petite, elle ne pouvait pas s'occuper de tous les enfants en même temps. Ce sont des parents qui aiment leurs enfants", a-t-elle poursuivi.

Une autre proche a affirmé que les enfants "n'ont jamais été maltraités", indiquant qu'ils lui rendaient souvent visite. "La mère a simplement fait ça [attacher les enfants, ndlr] pour ne pas qu'ils tombent de la chaise. Les enfants ont toujours été propres. Les parents n'ont rien à se reprocher", a-t-elle ajouté.

· Les parents, libérés sous contrôle judiciaire, font l'objet d'une mise en examen

Les parents ont été présentés au tribunal judiciaire de Béthune. Ils ont reconnu les faits et ont été placés sous contrôle judiciaire. Ils encourent trois ans de prison et 45.000 euros d’amende. Ils ont été mis en examen pour violence par ascendant sur mineurs de moins de 15 ans. Ils seront jugés en janvier, a appris l'Agence France-Presse (AFP) auprès du parquet de Béthune.

Charlotte Caubel, secrétaire d'Etat auprès de la Première ministre chargée de l'Enfance, a indiqué ce dimanche soir sur BFMTV que cette famille "est connue depuis 2013".

"On sait qu'un certain nombre de signalements ont été transmis par l'Éducation nationale et des tiers, qu'un dispositif d'accompagnement de la famille a été mis en place mais que la famille n'était pas du tout collaborante. Il a fallu attendre les quelques derniers jours pour que l'autorité judiciaire soit saisie de cette situation", a-t-elle ajouté.

· Que va-t-il advenir des enfants?

Charlotte Caubel a indiqué que cinq enfants ont été placés ensemble dans une structure de la protection de l'enfance, que le petit bébé a été pris en charge par une assistance familiale "compte tenu de son âge" et qu'un dernier enfant mineur "devrait rejoindre la famille de cinq".

"Les enfants sont dans une situation de protection et d'évaluation. On est rassurés, ils ont été pris en charge dans des dispositifs de protection de l'enfance du département. Ils sont enfin en sécurité", a-t-elle précisé.

La secrétaire d'État se rendra ce lundi dans le Pas-de-Calais, pour s'entretenir "avec les acteurs locaux de la protection de l'enfance, et "faire un point sur le répérage et la prise en charge de cette situation" ou encore "la protection de tous les enfants dans le département".

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