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Police-Justice

Carlos condamné à perpétuité en appel

Isabelle Coutant-Peyre, avocate et épouse d'Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos. L'ancien "ennemi numéro un" a été condamné mercredi en appel à la prison à perpétuité avec 18 ans de sûreté pour quatre attentats meurtriers commis en 1982 et 1983 en France.

Isabelle Coutant-Peyre, avocate et épouse d'Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos. L'ancien "ennemi numéro un" a été condamné mercredi en appel à la prison à perpétuité avec 18 ans de sûreté pour quatre attentats meurtriers commis en 1982 et 1983 en France. - -

par Chine Labbé PARIS (Reuters) - "Carlos" a été condamné mercredi en appel à la prison à perpétuité avec 18 ans de sûreté pour quatre attentats...

par Chine Labbé

PARIS (Reuters) - "Carlos" a été condamné mercredi en appel à la prison à perpétuité avec 18 ans de sûreté pour quatre attentats meurtriers commis en 1982 et 1983 en France.

L'ancien ennemi public numéro un des années 1970 et 1980, de son vrai nom Ilich Ramirez Sanchez, a ainsi vu sa peine de première instance confirmée, conformément aux réquisitions du parquet général.

Lundi, le ministère public avait souligné la "dangerosité absolue" et "l'inhumanité totale" de celui qui fut surnommé le "Chacal", appelant la cour à ne pas voir en lui "un monsieur d'un certain âge, un peu bedonnant."

Carlos n'a eu de cesse, pendant les six semaines de procès, de critiquer un dossier qu'il estime "vide", contestant notamment la validité de pièces à charge provenant des archives des services secrets d'anciens pays communistes.

Dans la matinée, avant que la cour se retire pour délibérer, il avait lancé un avertissement aux juges à ce sujet.

"C'est à vous maintenant de vous expliquer par écrit", avait-il dit, considérant que le verdict était "déjà fait".

"Si vous donnez la plus minimale valeur à ces choses-là (les archives des anciens pays communistes, NDLR), ça veut dire que vous vous faites complices de falsification", avait-il ajouté. "C'est votre responsabilité personnelle."

Sa défense a fustigé un procès "politique", où l'accusé, emprisonné en France depuis près de 20 ans, est jugé sur son image, et non à partir de preuves concrètes.

Ce natif de Caracas, à qui revenait le dernier mot mercredi avant la clôture des débats, s'est exprimé pendant près de quatre heures, faisant de nombreuses digressions sans rapport direct avec les quatre attentats. "A un moment, il faut savoir conclure", s'est impatienté le président, qui l'a rappelé à l'ordre à trois reprises.

Icône déchue de l'extrême gauche armée et militant de la cause palestinienne, "Carlos", aujourd'hui âgé de 63 ans, s'est fait connaître dans le monde entier avec l'enlèvement, en décembre 1975 à Vienne, de onze ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).

"COMBATTANTS DE LA LIBERTÉ"

"Je suis de nationalité vénézuélienne pour le sang reçu, et je suis fier d'être de nationalité palestinienne pour le sang versé", avait-il déclaré au deuxième jour du procès.

Au fil des audiences, il s'est fait tantôt provocateur et agressif, tantôt calme et farceur, suscitant à de nombreuses reprises l'impatience de la cour.

Le parquet général, qui a souligné son "antisémitisme virulent" et son "admiration pour les dictateurs", a dénoncé son attitude ambivalente, marquée par la "contestation systématique" des faits qui lui sont imputés et, dans le même temps, par la reconnaissance de son implication dans des événements non jugés dans ce dossier.

L'accusé a ainsi revendiqué mercredi avoir tué, avec son organisation, "plus de 1.500 personnes, dont au moins 10 terroristes". "Nous ne sommes pas des terroristes, nous sommes des combattants de la liberté", a-t-il dit.

"Nous connaissons Carlos, nous connaissons ses discours, je n'attends rien de nouveau", avait déclaré à l'ouverture des débats Me Francis Szpiner, avocat des parties civiles, voyant en lui "une sorte de baudruche qui se dégonfle".

"Carlos" répondait dans ce dossier de quatre attentats qui ont fait onze morts et près de 150 blessés en 1982 et 1983: ceux du 29 mars 1982 contre le train Capitole Paris-Toulouse, du 22 avril 1982 rue Marbeuf à Paris devant le siège du journal El Watan, et du 31 décembre 1983 dans un TGV près de Tain-l'Hermitage et à la gare Saint-Charles de Marseille.

Il aurait cherché, avec ces attentats, à obtenir la libération notamment de sa compagne de l'époque, l'Allemande Magdalena Kopp, estime l'accusation.

Ilich Ramirez Sanchez purge déjà en France une condamnation à perpétuité prononcée en 1997 pour les assassinats en 1975 à Paris de deux policiers français et de leur informateur.

Il pourrait être de nouveau renvoyé devant une cour d'assises pour l'attentat contre le drugstore Saint-Germain à Paris qui avait fait deux morts et 34 blessés en 1974.

La Cour d'assises spéciale de Paris a par ailleurs confirmé mercredi l'acquittement de l'Allemande Christa Frohlich. Acquittée en première instance pour sa complicité présumée dans l'attentat de la rue Marbeuf, elle était rejugée en son absence suite à un appel du ministère public. Celui-ci avait requis 20 ans de prison à son encontre.

Edité par Sophie Louet et Pascal Liétout