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Police-Justice

Calais: le meurtre d'une fillette instrumentalisé par des anti-migrants

A gauche, un post Facebook avec le titre original de l'article, à droite un post Facebook avec le titre modifié.

A gauche, un post Facebook avec le titre original de l'article, à droite un post Facebook avec le titre modifié. - Montage BFMTV.com

Depuis mercredi, des internautes relaient un article datant d'avril dernier sur le meurtre de Chloé, 9 ans, à Calais. Problème: en le postant sur Facebook, ils en modifient le titre pour créer un amalgame avec les réfugiés.

La rédaction web de France 3 Nord Pas-de-Calais a constaté mercredi un pic d'audience inhabituel sur son site. "On a pensé au début qu'il s'agissait d'un article du jour sur la prise d'otage en prison. On est tombés des nues quand on a découvert que l'audience provenait d'un article datant du 16 avril dernier, sur le meurtre de la petite Chloé. Il cumulait à lui seul 80.000 vues en une journée", confie à BFMTV.com l'un des journalistes.

Passé l'effet de surprise, les journalistes ont voulu comprendre pourquoi cet article refaisait surface, cinq mois après sa publication. "En tapant quelques mots-clés sur les réseaux sociaux, on a fini par tomber sur une capture d'écran d'un post Facebook", poursuit le journaliste. 

L'article a en effet été publié sur le réseau social, mais son titre a été sciemment modifié. La nuance est subtile, mais suffisante pour attiser la haine des anti-migrants: le titre original, "Chloé, enlevée, tuée et violée à Calais: le suspect a avoué", s'est transformé en "Chloé, enlevée, tuée et violée à Calais par un immigré", comme le montre le montage photo que nous avons réalisé ci-dessus.

Les journalistes ont publié une mise au point

En réalité, il ne s'agit pas d'un piratage, puisque le titre original apparaît toujours sur l'article de France 3 Nord Pas-de-Calais. Il s'agit d'une manipulation extrêmement simple à réaliser: quand on poste un article sur Facebook, on peut éditer et réécrire le titre qui apparaît. 

Chloé avait été tuée par un Polonais installé à Calais depuis une dizaine d'années, au très lourd passé judiciaire. Un profil qui n'a strictement aucun lien avec les réfugiés qui affluent actuellement en Europe. Les internautes anti-migrants ont toutefois saisi l'occasion de créer un amalgame. 

"Cette instrumentalisation vis-à-vis de Chloé et de sa famille, et le fait de faire remonter ce drame dans l'actualité, sont intolérables", juge le journaliste. Jeudi midi, la rédaction de France 3 Nord Pas-de-Calais a publié un article explicatif, et exigé d'une association de motards qui avait posté l'article avec le titre modifié d'enlever son post, sous peine de poursuites judiciaires.

Pourtant, comme nous avons pu le constater, d'autres traces de cette manipulation grossière subsistent encore, notamment sur Twitter