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Police-Justice

"C'est grave": la contrôleure des prisons dénonce des arrestations de manifestants "au hasard"

Dominique Simonnot, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, a interpellé Gérald Darmanin sur des arrestations "au hasard" de manifestants lors des récents défilés contre la réforme des retraites en France.

"Je suis là pour faire des constats." Invitée de BFMTV ce mercredi, Dominique Simonnot, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, est revenue son courrier envoyé à Gérald Darmanin dénonçant un "recours massif" par les forces de l'ordre à des interpellations et gardes à vue "préventives" lors des dernières manifestations contre la réforme des retraites.

Au regard des "très nombreuses interpellations", Dominique Simonnot a expliqué avoir "diligenté en urgence des visites dans certains locaux de gardes à vue de Paris".

Des contrôles menés les 24 et 25 mars dans neuf commissariats parisiens ont révélé des "atteintes graves aux droits fondamentaux des personnes enfermées", selon la contrôleure des prisons.

"On a découvert des gens qui étaient là sans qu'on ne sache pourquoi. Ils ont été arrêtés au hasard, sans qu'ils appartiennent à un groupe violent (...) C'est grave", a-t-elle commenté sur notre antenne.

Elle dénonce ainsi des "irrégularités dans les documents relatifs à l'interpellation et l'indigence des éléments permettant de caractériser l'infraction ou la tentative d'infraction en cause".

Gérald Darmanin se défend

Dans sa réponse en date du 2 mai, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin fait valoir que la contrôleure "excède ses compétences, notamment lorsqu'elle dénonce 'une instrumentalisation des mesures de garde à vue à des fins répressives'".

Le 21 mars dernier, la Défenseure des droits Claire Hédon s'était elle aussi alarmée de ces interpellations.

À plusieurs reprises, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez s'est inscrit en faux contre ces accusations: "les interpellations préventives, ça n'existe pas".

"80% des procédures sont classées sans suite une fois opéré le contrôle de l'autorité judiciaire, la minorité des personnes déférées (...) quitte le tribunal libre", a noté la contrôleure.

Elle a ajouté sur notre antenne: "Il faut attraper les bons, ceux qui ont commis les infractions, pas des gens contre qui il n’y a pas de preuve."

Comme l'a appris ce mercredi BFMTV auprès du parquet de Paris, 44% des gardes à vue prises lundi, lors de la manifestation du 1er-Mai dans les rues de la capitale, ont été classées sans suite. Dans les faits, sur les 281 personnes concernées, 124 ont vu leurs procédures classées sans suite.

Théo Putavy avec AFP