Brest: deux affaires embarrassantes pour les urgences de la Cavale Blanche
"Je blâme l’administration et l’État français de laisser les choses en arriver à ce point". Ces mots sont les derniers d’une lettre rédigée par une internaute totalement excédée parce qu’elle a vu et vécu. Le 16 février dernier, Vanessa Douguet accompagne sa tante atteinte d’un cancer au CHU de la Cavale Blanche à Brest. Cette dernière se plaignait d’inquiétants maux de ventre. "Nous sommes arrivé à 16h15", se rappelle sa nièce, encore loin d’imaginer qu’elles n’en ressortiront que le lendemain.
Des "scènes inadmissibles"
L’attente commence à se faire longue et Vanessa n’est pas rassurée. "J’ai vu des gens qui vomissaient du sang à même le sol sans qu’on leur prête la moindre attention", témoigne-t-elle.
"Au bout de deux heures, nous sommes enfin installés dans un box. Nous pensons alors naïvement que le calvaire était bientôt terminé. Je suis loin d’imaginer qu'en fait, ça n’est que le début. Bien que le personnel soit gentil, il manque cependant parfois de délicatesse sur les propos tenus", écrit Vanessa dans sa lettre postée sur Facebook.
Au total, les deux femmes patienteront dix longues heures avant que la malade ne soit sérieusement prise en charge. Si elle précise ne pas en vouloir "au personnel hospitalier soignant, qui au contraire, se bat pour avoir de meilleures conditions de travail et qui fait avec le peu de moyens qu’on lui donne", l’internaute a, explique-t-elle, été "à deux doigts de déposer une plainte auprès des services de police pour non-assistance à personne en danger".
Un fort retentissement
Vanessa craignait que sa lettre ne soit qu'un "coup d’épée dans l’eau". Et pourtant, elle a bien fait mouche. Sur Facebook, son coup de gueule a été partagé plus de 18.000 fois et lu par près de 100.000 personnes.
"Jamais je n’aurais pensé que ça ferait un tel buzz. J’ai reçu également des messages du personnel soignant, qui me remercie pour ma démarche", confesse Vanessa au micro de BFMTV.
Cette affaire intervient en plein conflit social. Depuis le 28 janvier, une grève est organisée chaque semaine pour dénoncer un manque de personnel.
Un patient mort sur son brancard
Le CHU de la Cavale Blanche a également fait tristement parler de lui le 24 février dernier. Un patient âgé de 89 ans est décédé sur son brancard dans le couloir en attendant qu’un médecin vienne l’ausculter. C’est d’ailleurs ce qui a poussé Vanessa à réagir publiquement.
"Mourir sur un brancard n’est pas acceptable. Ce sont les débuts hivernaux et c’est la période la plus difficile pour tous les gros services d’urgences de France", tempère Philippe El Saïr, directeur général du CHRU de Brest, au micro de BFMTV.
Dans un entretien accordé au Télégramme, la direction a confirmé un temps d’attente "encore trop long", et préféré mettre en avant un "taux de satisfaction aux urgences de 72%". Le service est pourtant neuf et a ouvert ses portes le 14 octobre.