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Police-Justice

Braquage d'un fourgon blindé: la cour rejette la demande de renvoi du procès de Rédoine Faïd

Redoine Faïd est jugé en appel à la cour d'assises de Saint-Omer (Pas-de-Calais) pour le braquage d'un fourgon en 2011.

Redoine Faïd est jugé en appel à la cour d'assises de Saint-Omer (Pas-de-Calais) pour le braquage d'un fourgon en 2011. - BFMTV

Un important dispositif de sécurité a été mis en place autour et dans le tribunal de Saint-Omer où devait se dérouler le procès en appel de Rédoine Faïd pour le braquage d’un fourgon blindé. Le braqueur a refusé d’être extrait de sa cellule pour comparaître.

"J’ai jamais vu ça", souffle un policier. Les alentours et l’intérieur du tribunal de Saint-Omer se sont transformés en base sécurisé tandis que Rédoine Faïd devait comparaître à partir de ce jeudi pour son procès en appel pour le braquage à l’explosif d’un fourgon blindé en 2011. Mais le braqueur, spécialiste des évasions, a fait savoir qu’il refusait d’être extrait de sa cellule. Même quand un huissier s’est présenté devant lui, le sommant de se présenter devant la cour d’assises du Pas-de-Calais.

Rédoine Faïd, 47 ans, a fait appel du verdict de la cour d'assises du Nord qui l'a condamné en octobre 2017 à 18 ans de prison. Tout comme quatre complices, il avait été reconnu coupable d'avoir attaqué à l'explosif un fourgon blindé de la société Loomis sur une route nationale du Pas-de-Calais le 17 mars 2011, dérobant plus de deux millions d'euros.

Tout avait été prévu pour assurer la sécurité du lieu et éviter que celui qui a été surnommé "le roi de l’évasion" se fasse la belle. Les alentours du tribunal, collé à la cathédrale, ont des airs de ville morte. Les rues jouxtant les lieux ont été fermées à la circulation et au stationnement, des gendarmes y surveillent les accès. Sur une place sont garés les fourgons de gendarmerie. A l’intérieur, les contrôles se succèdent.

Conditions de détention strictes

Premier contrôle d’identité, premier portique de sécurité à détection de métaux, sacs et bagages passés au rayon X. Des chiens renifleurs pour détecter explosifs ou armes à feu font également partie du dispositif. Juste devant la salle, avocats, journalistes et public nombreux doivent à nouveau passer sous un portique de sécurité. A chaque entrée, les visiteurs doivent se soumettre à ce rituel.

Près de 250.000 euros ont été déboursés pour ces aménagements qui serviront à nouveau. Car ce jeudi, il n’a pas pu être testé dans les conditions réelles. Rédoine Faïd a refusé à deux reprises de se présenter devant la cour d’assises. Il entend dénoncer ses conditions de détention au quartier d’isolement de la prison ultra-sécurisée de Vendin-le-Vieil. Fouilles à nu, chaque déplacement se fait menotté, surveillance permanente par des caméras et parloirs à travers des vitres de plexiglas.

"Des conditions plus strictes que celles imposées à Salah Abdeslam", pestent Me Berton et Me Vigier, deux des avocats de Rédoine Faïd.

Demande de renvoi rejetée

Rédoine Faïd a débuté une grève de la faim et de la soif il y a une semaine. Le braqueur a perdu 9 kilos, selon ses avocats. Une expertise médicale, menée mercredi, a conclu que l’état de santé de l’accusé était "actuellement incompatible avec une comparution" devant la cour d’assises, selon le rapport lu par Me Berton lors de l’audience. Lui, Me Vigier et Me Belmokhtar ont d’ailleurs déposé une demande de renvoi de ce procès pour soutenir leur client, mais aussi au nom du mouvement de grève des avocats.

Pour l’avocat général, l’état de santé de Rédoine Faïd n’est pas un motif de renvoi. "Si une personne pour raisons exogènes ne peut venir, il faut renvoyer le dossier, plaide le représentant du ministère public. Mais quand il s’agit d’une cause endogène, c’est-à-dire qui provient du sujet lui-même, c’est Rédoine Faïd qui se met dans les conditions de ne pas être présent devant la cour d’assises." Vision partagée par la cour, qui en toute fin de journée a refusé cette demande de renvoi.

Justine Chevalier