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Police-Justice

Bébé retrouvé dans un coffre: s'appelait-elle Serena?

La maison familiale à Brignac-la-Plaine (Corrèze) où habitait Rose-Marie avec ses enfants et son compagnon.

La maison familiale à Brignac-la-Plaine (Corrèze) où habitait Rose-Marie avec ses enfants et son compagnon. - -

Quelques jours après la mise en examen de ses parents pour "privation de soins" et "violences habituelles sur mineur", on en apprend un peu plus sur la fillette retrouvée dans le coffre de la voiture de sa mère.

Elle l'appelait Serena. Selon les informations de La Montagne, c'est le prénom qu'aurait utilisé Rose-Marie pour appeler sa fille qu'elle a cachée à tout son entourage depuis sa naissance.

Elle aurait même donné une date de naissance: le 23 novembre 2011. La fillette, dont l'âge était estimé entre 15 et 23 mois par les enquêteurs, aurait donc effectivement pas loin de deux ans. Si elle était victime de déshydratation et de malnutrition au moment de sa découverte dans le coffre de la voiture de sa mère, elle souffre surtout de retards physiques et psychiques importants, selon le procureur de la République.

Les parents, mis en examen pour "privation de soins" et "violences habituelles sur mineurs", ont été placés sous contrôle judiciaire strict. Leurs avocates ont pris la parole pour donner leurs versions des faits.

> Les frères et soeur mis au courant

La fillette est toujours hospitalisée à Brive-la-Gaillarde, au service pédiatrique. Mercredi, on apprenait que "son état de santé s'améliorait". Elle subit toujours des examens médicaux et psychologiques.

Ses frères et soeur (âgés de 10, 9 et 4 ans) ont été placés, ensemble dans une famille d'accueil et "y resteront aussi longtemps que nécessaire", indique le Conseil général, en charge du dossier. "Eloignés de leur lieu de vie habituel pour être préservés", ils devraient être scolarisés dès la rentrée des vacances de la Toussaint.

"Le psychiatre du centre médico-pédagogique leur a expliqué les raisons de leur placement", explique à BFMTV.com Dominique Grador, vice-présidente du Conseil général de Corrèze, en charge de la protection de l'enfance.

> Un état-civil pour la fillette

Si la mère lui aurait donné le prénom de Serena, la fillette n'a toujours pas d'état civil. Ce sont les services de la protection de l'enfance du Conseil général de Corrèze qui ont la charge de la déclarer. "Nous avons désigné un administrateur et requis un avocat", explique Dominique Grador.

La justice devra déjà prononcer "un jugement valant déclaration de naissance", explique à L'Express Françoise Dekeuwer-Defossez, avocate spécialisée dans le droit de la famille, qui précise que "le tribunal va nécessairement reconnaître la filiation entre l'enfant et sa mère", voire du père s'il est bien le père biologique.

C'est aux services sociaux ou à la justice qu'il reviendra de choisir le prénom de la fillette. "Je ne sais pas ce que décideront les juges", indique la conseillère générale en charge du dossier.

> Un déni de grossesse?

"Cette femme n'a pas eu conscience de son état de grossesse, de l'accouchement non plus", a expliqué ce mercredi Me Chystèle Chassagne-Delpech, l'avocate de la mère de famille. "On est complètement dans le déni de grossesse".

Si l'avocate a souligné, lors d'un entretien à France 3 Limousin, que "la première victime, c'est l'enfant", elle estime que Rose-Marie "est aussi victime d'un processus psychique et psychologique (...) qui la dépasse". Aux experts d'entendre la mère désormais pour faire la lumière sur les raisons qui l'ont poussée à dissimuler l'enfant aux yeux de tous.
http://limousin.france3.fr/2013/10/30/bebe-dissimule-de-brignac-la-revelation-de-l-avocate-de-la-mere-348621.html

> Le père maintient sa version

"Il ne s'est rendu compte de rien". Domingos, 40 ans, affirme qu'il n'a jamais rien su ni de la grossesse, ni de la naissance, ni de l'existence de ce quatrième enfant. Il l'a expliqué aux enquêteurs lors de sa garde à vue, il le répète aujourd'hui. Son avocate, Me Lyliane Picard, explique à La Montagne qu'il "a été et reste complètement abasourdi", qu'il "n'a pas compris ce qui se passait".

S'il "n'accable pas sa compagne", il campe sur ses positions, "il ne savait pas". Il travaillait comme maçon, était absent de 6h à 18h du domicile et n'utilisait pas de voiture, n'ayant pas le permis. Autant d'éléments qui, selon son avocate, plaident en sa faveur. Concernant sa mise en examen, Me Picard n'a pas l'intention de la contester. Elle "permet d'avoir accès au dossier" et, rappelle l'avocate, "va de pair avec la présomption d'innocence".