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Police-Justice

BAC Nord Marseille: les anciens policiers lourdement sanctionnés

La Bac Nord a été dissoute depuis le scandale l'an dernier (illustration).

La Bac Nord a été dissoute depuis le scandale l'an dernier (illustration). - -

Le conseil de discipline de la police a sévèrement réprimé les six "baqueux" auditionnés dans le cadre des dérives de la BAC Nord, une affaire qui avait mis en lumière les dérives d'un système.

Révocations, suspensions fermes: le conseil de discipline, réuni mardi et mercredi à Marseille, a fait le choix de sanctions lourdes à l'encontre des policiers de l'ex-BAC Nord. L'instance a voté trois mesures de révocation, ainsi qu'une suspension de 24 mois dont 12 avec sursis, une autre de 24 mois dont 15 avec sursis, et une rétrogradation (un brigadier redevenant simple gardien de la paix).

Ces mesures, qui doivent être entérinées à Paris, ont été prises en l'absence des deux syndicats, qui ont boycotté la séance faute d'avoir obtenu le report des travaux.

"Nous irons jusqu'au bout"

"Nous ne lâcherons pas nos collègues, nous irons jusqu'au bout de ce qui est permis de faire avec eux", a réagi le délégué zonal adjoint d'Alliance, David-Olivier Reverdy. "Nous souhaitons que la justice se détermine au plus vite et que les réelles responsabilités des uns et des autres soient établies de façon juste et objective", a-t-il ajouté. Unité SGP-Police FO a demandé de son côté au ministre de l'Intérieur Manuel Valls, "qui se positionne clairement 'en juge et partie'", de surseoir à la décision finale, "le temps nécessaire à un éventuel renvoi devant un tribunal".

Les six "ripoux" présumés, gardiens de la paix et brigadiers âgés de 34 et 52 ans, étaient convoqués pour des manquements à leurs obligations de probité, de dignité et d'exemplarité. Mis en examen en octobre 2012 pour vol et extorsion en bande organisée aux dépens de dealers et écroués pendant deux mois, ils avaient été autorisés par la justice à reprendre leur travail, depuis fin mars-début avril, en uniforme et en dehors des Bouches-du-Rhône. Aucune preuve d'enrichissement personnel ou de système organisé n'a pu être apportée à ce stade.

"Il fallait qu'on flirte avec les lignes!"

Loin des accusations portées à l'automne 2012 par le procureur qui avait parlé d'"une gangrène", l'enquête de l'Inspection générale de la police nationale a principalement démontré des faits de récupération, lors de contrôles, de cigarettes et stupéfiants, des produits ensuite détruits ou remis à des "indics", ont assuré les intéressés en garde à vue.

"L'application stricto sensu de la procédure aurait eu pour conséquence de neutraliser l'activité de tout l'équipage", a expliqué un de ces policiers spécialisés dans le flagrant délit. "Notre groupe faisait 28 affaires par mois, il fallait forcément qu'on flirte avec les lignes!" renchérit un autre. Afin d'éviter les dérives, depuis 2004, les informateurs sont officiellement recensés et immatriculés, recevant un reçu des sommes versées. Toutefois un des "baqueux" marseillais raconte avoir tenté de faire enregistrer son "indic", finalement découragé par une procédure lourde et peu confidentielle.

La BAC Nord, depuis dissoute par le ministre de l'Intérieur, qui a unifié les trois divisions de la ville, réalisait plus de 4.000 interpellations par an, dont 45% de délits de voie publique, ce qui en faisait "la meilleure BAC de France". "Aujourd'hui, faire la vierge effarouchée sur certaines pratiques, alors que ces pratiques ont profité à un service et des directeurs qui se sont fait mousser dans les médias, ça a quelque chose d'un peu abject", estime une source policière.

A. G. avec AFP