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Police-Justice

BAC de Marseille : « 1 000 euros par jour de revenus illégaux »

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Douze policiers de la BAC nord de Marseille ont été mis en examen, et trois autres placés en garde à vue ce mardi. Pour les mettre en cause, les enquêteurs ont procédé à des écoutes édifiantes dans les voitures des policiers incriminés. RMC a pu en prendre connaissance.

Ca n’arrête pas à Marseille. Après les 12 mises en examen de fonctionnaires de la police de la BAC Nord pour « vols et extorsion en bande organisée » en fin de semaine dernière, et les 18 autres policiers suspendus ce week-end, trois autres ont été mis en examen ce mardi. Ils avaient été entendus par les enquêteurs de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) la semaine dernière.
Au total donc, 30 policiers sont suspendus dans le service. Sur les 12 mis en examen, sept, soupçonnés d’avoir volé et extorqué de l’argent et de la drogue à des dealers, ont déjà été écroués et cinq autres placés sous contrôle judiciaire, après leur mise en examen vendredi soir.
Dans la foulée, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, avait annoncé vendredi soir la dissolution de l’équipe de jour de la BAC Nord à laquelle ils appartiennent. Une équipe aux pratiques bien douteuses, comme le correspondant d’RMC à Marseille, Lionel Dian, a pu le constater en prenant connaissance d’écoutes opérées dans les voitures des policiers incriminés.

« Se comporter comme des voyous de façon quotidienne »

Ils ne savaient plus comment dépenser tout l’argent qu’ils avaient détourné. Yves Robert, délégué du syndicat d’officiers SNOP, n’en revient toujours pas, racontant « des dialogues assez surprenants entre les fonctionnaires ripoux ».
Chez l’un d’entre eux, 100 000 euros en liquide ont été découverts cachés dans le jardin, et Yves Robert reconnaît que « certains fonctionnaires de la BAC nord avaient en moyenne 1 000 euros par jour de revenus illégaux ». Les conversations enregistrées dans leur voiture en disent long sur leur vision du métier. On y entend un policier se plaindre de ne plus savoir quoi faire de l’argent, son collègue lui conseille de creuser une piscine. « Ça, c’est déjà fait », lui répond-il alors. Son coéquipier lui suggère alors d’acheter une voiture pour sa fille.
Autre conversation, autres policiers, deux d’entre eux, après avoir volé des cartouches de cigarettes à un vendeur à la sauvette, se plaignent : dans leur ancien service, la récolte était bien meilleure, regrettent-ils. « Evidemment, se comporter comme des voyous et de façon quotidienne, ça pose des questions sur l’évolution de certains policiers en France », regrette Yves Robert.

« L’atmosphère de déliquescence qui régnait »

Pas question pour autant de mettre tout le monde dans le même panier. Pour Maître Frédéric Monneret, l’avocat d’un des policiers mis en examen, c’est un système qui doit être mis en cause, pas forcément ses hommes. Son client, sous contrôle judiciaire, n’a pas été écroué. Agé de 29 ans, fils et petit-fils de policier, son rêve était d’entrer à la Bac Nord, il n’y était que depuis un an. « Lorsqu’il est arrivé, regrette l’avocat, il a été confronté à une situation qui préexistait, qui consistait notamment à ne pas rédiger de procès-verbaux relatant l’inventaire des objets saisis, il lui avait été expliqué que c’était une perte de temps. Il ne pouvait pas en arrivant jouer les Saint Juste, dénoncer certaines pratiques. Il avait peut-être peur, au regard de son âge, de se faire virer tout simplement, étant peut-être berné par cette atmosphère de déliquescence qui régnait dans ce service ». Au total, avant sa dissolution par le ministre, les trois-quarts de la brigade de jour de la BAC Nord de Marseille ont été sanctionnés.

La rédaction, avec Lionel Dian