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Police-Justice

Aux assises en Seine-Saint-Denis, un père incapable d'expliquer pourquoi il a tué son enfant

Le tribunal d'Orléans (illustration)

Le tribunal d'Orléans (illustration) - GUILLAUME SOUVANT / AFP

Le 23 juin 2015, un trentenaire habitant en Seine-Saint-Denis tuait de 32 coups de couteau son fils de deux ans et demi après l'avoir enlevé à sa mère dont il était séparé. Ce jeudi, durant son procès il a dit ne pas pouvoir expliqué son geste. Le verdict est attendu vendredi.

"Ça s'est fait machinalement": accusé d'avoir tué son enfant de deux ans et demi de 32 coups de couteau, un homme a été incapable jeudi d'expliquer à la cour d'assises de Seine-Saint-Denis ce moment de "folie". Le 23 juin 2015 dans l'après-midi, ce cuisinier habitant à Gagny, en Seine-saint-Denis, étouffe et poignarde son fils, qu'il avait dans la journée enlevé à sa mère dont il était séparé.

"Ça s'est fait machinalement (...) Je me suis acharné sur lui", a concédé l'accusé de 35 ans, debout dans son box, le dos voûté, face à la cour devant laquelle il répond de son crime depuis mercredi. "J'avais les yeux fermés, je pleurais, je ne regardais pas. Il m'a tenu la main, j'ai ouvert les yeux et à ce moment-là j'ai arrêté", a-t-il poursuivi sans pouvoir expliquer cet enchaînement meurtrier.

"C'est de la folie, de la stupidité"

Niant toute préméditation, il affirme qu'il comptait ramener le soir même l'enfant à sa mère, qui habitait au Mans. Jusque-là impassible, il craque, se met à pleurer et lance: "Je regrette cet acte-là, c'est mon propre fils... c'est de la folie, de la stupidité, je ne sais pas quel terme utiliser". Après avoir tué son enfant, il réalise que cela va lui valoir la prison. Prévoyant d'aller se rendre au commissariat le lendemain, il prépare ses valises, passant plusieurs fois devant le corps de l'enfant gisant sur le lit. Puis il contacte son ex-compagne pour lui avouer le meurtre.

Il va ensuite voir un ami puis, le soir, passe chez sa cousine pour se faire coiffer. A la barre jeudi, cette dernière se rappelle l'avoir trouvé "neutre": "Il n'avait pas d'expression". Le lendemain, il se rend comme prévu au commissariat. Pour décrire son état le jour du drame, il évoque un "cumul d'émotions", une "sorte de dépression" dans laquelle il s'est enfoncé après la séparation du couple à la fin 2013, lorsque sa compagne l'avait quitté. Leur relation restait conflictuelle, et il avait déjà menacé de tuer l'enfant. 

Il voyait son fils plusieurs fois par mois, mais supportait mal l'éclatement du couple: "Je voulais qu'on soit une famille tous ensemble". Deux jours avant le drame, le couple et l'enfant avaient passé la fête des pères ensemble au Mans. Pour la défense, maître Emel Frigui a tenté de mettre en avant son enfance passée à l'ombre d'un père violent. Mais son client a estimé qu'il avait "rebondi", eu une enfance "normale" et que "rien dans son passé" n'avait "déterminé" ce qu'il a fait. Le verdict est attendu vendredi. 

R.V. avec AFP