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Police-Justice

Au procès de son cyberharcèlement, Mila dénonce des violences "totalement injustifiables"

Le procès de treize personnes, poursuivies pour le cyberharcèlement de l'adolescente Mila après sa publication en novembre d'une vidéo polémique sur l'islam a repris lundi matin à Paris.

Victime d'un déferlement de haine en ligne après avoir publié en novembre une vidéo polémique sur l'islam, Mila a dénoncé lundi soir à Paris, au procès de 13 de ses harceleurs présumés, des violences "totalement injustifiables", qu'elle a refusé d'excuser.

"Je ne menace pas une personne de mort parce que ce qu'elle a dit ne me plaît pas", a déclaré, à la barre du tribunal correctionnel, Mila, 18 ans, veste blanche sur robe noire, cheveux bleu-vert coupés au carré, gros collier en or au cou.

"J'ai de plus en plus l'impression d'avoir tout perdu"

"Rien n'excuse des paroles aussi criminelles, aussi monstrueuses", a ajouté la jeune femme, accoudée au pupitre, dos aux treize jeunes gens jugés pour l'avoir harcelée en ligne, voire menacée de mort. "J'ai de plus en plus l'impression d'avoir tout perdu, ce qu'il me reste, c'est la justice", a encore déclaré la jeune femme face à ses harceleurs présumés.

Âgés de 18 à 30 ans, en grande majorité sans antécédents judiciaires et se déclarant athées, ils ont pour la plupart reconnu être les auteurs d'un message. Mais ils ont contesté avoir su qu'ils participaient à un "raid" numérique.

Certains des neufs prévenus interrogés par le tribunal - quatre autres le seront mardi matin - ont expliqué avoir réagi "à chaud", "sans réfléchir", après avoir été "heurtés" par les propos polémiques de Mila sur l'islam.

Dans une vidéo, publiée le 14 novembre sur le réseau social Tik Tok et devenue virale, l'adolescente avait déclaré: "et dernière chose, surveillez votre pote Allah, s'il vous plaît. Parce que mes doigts dans son trou du cul, j'les ai toujours pas sortis".

Une vie sous protection policière

Elle réagissait à de nouveaux messages haineux, dix mois après une première vidéo dans laquelle elle critiquait une religion "de merde", qui avait déclenché des milliers de menaces de mort, la contraignant à vivre sous protection policière.

Cette vidéo avait été publiée en janvier 2020 en "riposte à des attaques complètement innommables, au nom de l'islam", après que Mila eut fait état lors d'une conversation en ligne de "ses préférences sexuelles", a rappelé sa mère, longuement auditionnée avant elle.

"J'ai réagi simplement pour me défendre", a affirmé Mila à sa suite. "Je suis certaine que si j'avais critiqué l'islam sans gros mots, ils auraient réagi de la même manière et trouvé d'autres arguments", a estimé la jeune femme, selon laquelle on veut lui "interdire de parler d'islam".

Érigée par certains en porte-voix du droit au blasphème, Mila a déclaré qu'elle ne "(s'effacerait) pas des réseaux sociaux". "Je ne me soumettrai pas", a-t-elle lancé. Son audition se poursuivait à 22 heures. Fin du procès mardi.

Jeanne Bulant avec AFP Journaliste BFMTV