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Police-Justice

Attentats du 13 novembre: des amendes requises contre Valeurs Actuelles après la diffusion d'un PV

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Des amendes de 500 et 2.000 euros ont été requises mercredi à l'encontre d'un journaliste et du directeur de la publication de l'hebdomadaire Valeurs actuelles pour avoir publié des extraits de PV d'audition d'un témoin clef de l'enquête sur les attentats du 13 novembre.

L'hebdomadaire avait publié dans son numéro du 26 novembre 2015 trois extraits d'un procès-verbal qui relataient comment Hasna Aïtboulahcen était venue, quatre jours après les attaques, récupérer son cousin Abdelhamid Abaaoud, organisateur des attentats, dans une zone d'entrepôts d'Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. Abaaoud et sa cousine se sont ensuite repliés avec un complice dans l'appartement de Saint-Denis, ciblé par le Raid au petit matin du 18 novembre, et sont morts dans l'assaut.

Les PV portaient sur l'audition d'une amie d'Hasna Aïtboulahcen, témoin clef du dossier dont l'existence n'était pas alors connue du grand public mais qui par la suite s'est exprimée anonymement dans des médias sous le nom de "Sonia". L'article, étayé par des facs similés, indiquait notamment que l'organisateur présumé des attentats du 13 novembre se trouvait en France depuis deux mois où il était arrivé avec un groupe de réfugiés, qu'il projetait d'autres attentats à Paris.

Il indiquait également que son complice Salah Abdelslam était reparti en Syrie, ce qui s'est révélé faux, a rappelé la présidente à l'audience. L'article 38 de la loi sur la liberté de la presse de 1881 interdit de publier "des actes d'accusation et tout autre acte de procédure criminelle ou correctionnelle avant qu'ils aient été lus en audience publique".

Pour la procureure, l'hebdomadaire a dépassé les limites en révélant l'existence de ce témoin, ce qui aurait pu mettre sa vie en danger. "Elle était parfaitement identifiable et on l'a mise en danger parce qu'il y avait des gens en fuite qui pouvaient décider de la faire taire", a fait valoir la magistrate ajoutant que l'hebdomadaire était conscient de ce risque puisqu'il écrivait en fin d'article: "tel est le récit de ce témoin clef. Il est désormais menacé par Daech".

"On est allé trop loin dans ce dossier", a dénoncé la magistrate s'en prenant à "certains journalistes chasseurs de scoops qui revendiquent une immunité absolue, un statut d'exception" au nom de la liberté de l'information.

Pour l'avocat de Valeurs actuelles, Basile Ader, l'hebdomadaire a joué son rôle de serviteur de l'intérêt général en informant le public. "Il appartient aux journaux d'informer le pays sur les événements qui l'intéressent y compris sur les affaires en cours et c'est leur liberté de crédibiliser leurs informations par la publication de documents", a-t-il fait valoir en rappelant au tribunal qu'il avait récemment relaxé le quotidien le Monde pour la publication de PV de Karim Benzema dans l'affaire de la "Sexetape". "y aurait-il, selon les titres un traitement différent?, a demandé l'avocat qui a réclamé la relaxe de ses clients. Le jugement a été mis en délibéré au 14 juin.

la rédaction avec AFP