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Attentat de Magnanville: Mohamed Lamine Aberouz fait appel de sa condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité

Croquis d'audience de Mohamed Lamine Aberouz (en haut) au premier jour de son procès pour l'attentat de Magnanville, le 25 septembre 2023 à Paris

Croquis d'audience de Mohamed Lamine Aberouz (en haut) au premier jour de son procès pour l'attentat de Magnanville, le 25 septembre 2023 à Paris - Benoit PEYRUCQ © 2019 AFP

Mohamed Lamine Aberouz a été reconnu coupable de complicité dans l'assassinat d'un couple de policiers, Jessica Schneider et Jean-Baptiste Salvaing, en 2016. Attaque revendiquée par Daesh.

Mohamed Lamine Aberouz, reconnu coupable de complicité dans l'assassinat d'un couple de policiers à Magnanville en juin 2018, a fait appel de sa condamnation, a appris BFMTV.com auprès de l'un de ses avocats.

Mercredi, la cour d'assises spéciale de Paris a condamné cet homme de 30 ans à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans. L'accusé disposait alors d'un délai de dix jours pour faire appel, ses avocats ont déposé leur recours dès vendredi.

Il clame son innocence

Mohamed Lamine Aberouz a toujours nié avoir participé à l'assassinat de Jessica Schneider, secrétaire administrative au commissariat de Mantes-la-Jolie (Yvelines), et de Jean-Baptiste Salvaing, commandant de police au Mureaux. "Notre client a toujours clamé son innocence et la preuve de sa présence au domicile des victimes n’est pas rapportée", a commenté l'un de ses avocats Me Vincent Brengarth.

"L’attentat de Magnanville est le fait d’une action solitaire, liée à une propagande présente en nombre sur le téléphone de Larossi Abballa", maintient le conseil.

Le 13 juin 2016, Larossi Abballa, un ami d'enfance de Mohamed Lamine Aberouz, a assassiné de plusieurs coups de couteau les deux policiers avant de séquestrer pendant plusieurs heures leur jeune fils alors âgé de 3 ans. Le terroriste a été abattu lors de l'assaut du RAID pour libérer l'enfant.

La thèse d'un deuxième homme

La cour a jugé que l'accusé, dont une trace d'ADN a été retrouvée sur l'ordinateur portable des victimes, était bien présent dans le pavillon du couple au moment du crime. Il est "peu vraisemblable" que Larossi Abballa ait agi seul, armé seulement d'un couteau, a affirmé le président de la cour d'assises, Christophe Petiteau en annonçant le verdict.

"L'accusé a déclaré devant cette cour ne pas partager les valeurs de la République, ce qui laisse songeur sur sa capacité de réinsertion", a aussi souligné le magistrat, estimant que Mohamed Lamine Aberouz est "totalement acquis à la cause de Daesh".

La défense de Mohamed Lamine Aberouz a toujours défendu que la trace ADN retrouvée au domicile des deux policiers assassinés provenait d'un transfert d'ADN depuis la voiture de Larossi Abballa. Les experts avaient jugé cette théorie peu probable, sans toutefois l'exclure totalement. Les avocats de l'accusé avaient plaidé un acquittement, rappelant que le doute bénéficie à leur client.

"Les nombreux éléments mis en avant dans le cadre du procès, notamment des bornages compatibles avec l'alibi de notre client, n’ont pas été pris en considération", estime Me Brengarth.

Pour l'avocat du trentenaire, partageant, selon les juges, "une idéologie jihadiste" avec l'assaillant, "le procès a clairement mis en évidence des zones d’ombre, occultées pour des considérations tenant à la personnalité de notre client et non aux faits".

"Il est impensable qu’une personne soit condamnée, qui plus est à une telle peine, sur la base d’hypothèses évolutives", tranche-t-il. Un second procès, en appel, devrait se tenir dans les prochains mois.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV