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Police-Justice

Attaque à la Préfecture de police: une "scène d'une extrême violence" d'une durée de 7 minutes

Deux jours après l'attaque au couteau, le procureur à la tête du parquet national antiterroriste a donné une conférence de presse au cours de laquelle il a retracé la matinée du tueur.

Trois policiers et un adjoint administratif ont été tués jeudi dans l'enceinte de la Préfecture de police de Paris, attaqués au couteau par un de leurs collègues, adjoint administratif affecté en tant qu'informaticien au sein de la Direction du renseignement (DRPP). Une quatrième personne a été grièvement blessée.

Le procureur nommé à la tête du récent parquet national antiterroriste (PNAT), Jean-François Ricard, a accordé une conférence de presse ce samedi. Initialement sous la houlette du parquet de Paris, l'enquête est désormais du ressort du PNAT depuis vendredi 18 heures. Le magistrat a notamment retracé la matinée et l'épopée sanglante de l'attaquant.

Un parcours qui a pu être retracé à la minute grâce à la vidéosurveillance et à l'exploitation du badge d'accès à la préfecture. Habitant à Gonesse (Val-d'Oise), Mickaël Harpon a pris un train en direction de Paris dont il est ressorti à la gare RER de Saint-Michel à 8h56.

Achat de deux couteaux en métal à proximité de la préfecture

"Il a pénétré dans le bâtiment de la Préfecture de police à 8h58 pour se rendre normalement à son travail au sein du service de maintenance informatique de la direction du renseignement", a détaillé le procureur.

L'attaquant n'en est sorti que quelques heures plus tard, à 12h18, "pour se rendre dans un magasin de la rue Saint-Jacques. Il a acheté à 12h24 deux couteaux: un couteau de cuisine métallique d'une longueur totale de 33 cm muni d'une lame de 20 cm, et un couteau à huîtres. En sortant de ce magasin, l'auteur a entrepris un détour au cours duquel il a dissimulé sur lui les couteaux qu'il venait d'acheter", a précisé Jean-François Ricard, avec cette précision, glaçante: "Durant toute cette séquence, le comportement de l'individu ne trahit aucune fébrilité".

Mickaël Harpon est ensuite revenu à son service, à 12h42, avant d'en ressortir pour y revenir à 12h51 et se rendre à son bureau à 12h53, où il a "blessé mortellement à l'arme blanche deux personnes qui étaient restées afin de prendre leur repas". Ses deux premières victimes étaient un major de police de 50 ans, qui présente une large plaie à la gorge, et un gardien de la paix de 38 ans, qui a reçu plusieurs coups de couteau dans la région thoraco-abdominale.

Le tueur s'est ensuite rendu dans un autre bureau, au même étage, où il a porté plusieurs coups de couteau à un adjoint administratif de 37 ans, avant de tenter de pénétrer dans une autre pièce, heureusement fermée, où se trouvaient trois personnes. 

L'assaillant neutralisé à 13 heures

L'assaillant est ensuite descendu jusqu'à la cour de la Préfecture, et, dans l'escalier s'en est pris à une gardienne de la paix de 39 ans, l'atteignant mortellement, et a grièvement blessé à la gorge une autre femme, adjointe administrative, qui attendait l'ascenseur au rez-de-chaussée.

Arrivé dans la cour de la préfecture, Mickaël Harpon a menacé une personne "qui tentait en vain de le raisonner", et "s'est ensuite retrouvé à une douzaine de mètres d'un gardien de la paix stagiaire qui lui a alors intimé l'ordre de poser son arme", jusqu'à ce que ce dernier ouvre le feu à deux reprises après plusieurs sommations, lorsque l'assaillant "s'est mis à courir dans sa direction en pointant son couteau".

Un "périple meurtrier" dont la durée totale "a été estimée à environ sept minutes entre son arrivée à son bureau à 12h53 et sa neutralisation à 13 heures", a indiqué Jean-François Ricard. D'après le magistrat, l'auteur "aurait adhéré à une vision radicale de l'islam" et était en relation avec des individus appartenant à la "mouvance islamiste salafiste".

Clarisse Martin