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Police-Justice

Attaque à Annecy: le suspect "très agité" en garde à vue, quels sont les scénarios possibles?

La santé mentale du suspect d'une attaque au couteau ayant fait six blessés dont quatre enfants, jeudi à Annecy, en Haute-Savoie, pose question.

Le comportement en garde à vue d'Abdalmasih H., le suspect de l'attaque au couteau survenue jeudi à Annecy et ayant fait six blessés dont quatre enfants très jeunes, pose question. Selon nos informations, la garde à vue, dont le parquet a annoncé ce vendredi midi qu'elle était prolongée, ne se passe pas bien, alors qu'une enquête a été ouverte pour tentative d'assassinat.

Le suspect tenait, jeudi en fin de journée, des propos incohérents et s'est même roulé plusieurs fois par terre: il est décrit comme étant "très agité".

Les auditions conditionnées au feu vert du médecin

Très régulièrement, durant sa garde à vue, qui peut durer jusqu'à 48 heures (96 heures si le Parquet national antiterroriste se saisissait du dossier, ce qui n'est pas le cas à cette heure) et a été prolongée ce vendredi midi, un docteur se rend aux côtés du suspect et évalue son état de santé avant chaque audition.

"Il s'assure somatiquement que l'état (du suspect) est compatible avec la garde à vue", explique sur BFMTV Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne. S'il est en état psychologique de répondre aux questions des enquêteurs, l'audition peut commencer.

En revanche, si son état n'est pas compatible avec une garde à vue, ce qui peut arriver à tout moment, la garde à vue sera suspendue, et pourra même ne pas reprendre et être totalement arrêtée.

Examiné par un psychiatre dans la matinée

Une expertise psychiatrique a été réalisée vendredi matin, comme l'avait annoncé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin lors d'une interview sur TF1. Elle a permis de juger son état "compatible avec la garde à vue", a précisé à l'AFP une source proche de l'enquête. Si tel n'avait pas été le cas, la garde à vue aurait pris fin et l'enquête se serait poursuivie sans audition du suspect.

Et si son discernement était aboli?

Si, par la suite, d'autres expertises concordantes viennent à déclarer que le discernement du suspect était entièrement aboli au moment des faits, il ne sera pas jugé. Il sera uniquement interné en psychiatrie. Cela n'interviendra toutefois que dans un temps long, nécessitant des expertises et des contre-expertises.

Le suspect est un Syrien ayant obtenu le statut de réfugié en Suède, où il a vécu pendant dix ans. Sa femme a expliqué à BFMTV qu'elle n'avait pas de nouvelles de sa part depuis plusieurs mois. L'assaillant n'a toutefois aucun trouble psychologique documenté, a indiqué une source proche du dossier à BFMTV.

Pas d'antécédents psychologiques connus

Cela ne veut toutefois pas dire que le suspect ne souffre pas de troubles, explique Johanna Rozenblum. "Si on n'a pas consulté un médecin en ville, si on n'a pas été hospitalisé, oui, il n'y a pas de dossier médical (...) mais ça ne veut pas dire que cet homme n'avait pas d'antécédents médicaux", détaille-t-elle.

Une pathologie a pu se mettre en place "à bas bruit" ces derniers mois sans qu'un médecin ne soit alerté de ces symptômes, pour "décompenser" jeudi, fait encore valoir la psychologue.

L'homme n'était ni sous l'emprise de drogue ni alcoolisé, a précisé jeudi la procureure de la République. Si tel avait été le cas, la notification de ses droits aurait pu être reportée le temps qu'il recouvre ses facultés.

"Il parlait tout seul"

Des passantes interrogées par BFMTV avaient déjà remarqué cet homme qui fréquentait depuis plus d'un mois ce parc et avait un comportement étrange. "On se demandait s'il ne prenait pas des médicaments", explique l'une d'elle. Elle décrit un homme isolé, qui chantait tout seul et semblait parfois agité. Une autre décrit quelqu'un de "dérangé".

La garde à vue, difficile, ne va peut-être pas permettre de faire la lumière sur ses motivations. Les enquêteurs procèdent également à des enquêtes d'environnement.

Alexandra Gonzalez avec Marine Ledoux