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Police-Justice

Assistants d'eurodéputés FN: devant les magistrats, Marine Le Pen a plaidé l'"incompétence" de la justice

Marine Le Pen, le 11 juin 2017

Marine Le Pen, le 11 juin 2017 - Denis Charlet / AFP

Convoquée devant les juges le 30 juin dernier dans le cadre de l'enquête sur les assistants parlementaires de députés européens FN, Marine Le Pen a lu une déclaration qui assurait notamment qu'au nom de la séparation des pouvoirs les magistrats français étaient "radicalement incompétents" pour traiter l'affaire.

Marine Le Pen a fait valoir que les juges français étaient "radicalement incompétents", au vu du "principe de séparation des pouvoirs", pour enquêter sur l'affaire des assistants d'eurodéputés FN, dans sa déclaration lue devant les juges le 30 juin, a indiqué ce lundi une source proche du dossier.

Marine Le Pen conteste les faits allégués "avec fermeté"

Convoquée ce jour-là pour être mise en examen, la présidente du Front national n'avait pas répondu aux questions mais avait lu un texte comme la loi l'y autorise. A ses yeux, "l'autorité judiciaire" ne pourrait "s'ériger en arbitre du contenu du travail politique d'un député et de son bien-fondé. Sauf à contrevenir au principe de séparation des pouvoirs", a-t-elle déclaré aux magistrats financiers Renaud Van Ruymbeke et Claire Thépaut qui ont repris le dossier en décembre après une enquête du parquet de Paris. "Je ne saurais, à l'instar de tout député, recevoir des instructions quant aux modalités et au contenu de mon travail parlementaire, fût-ce au travers de règles administratives internes" au Parlement européen, a aussi dit la présidente du FN, en évoquant des dispositions restrictives.

L'ex-eurodéputée, élue en juin députée à l'Assemblée nationale, a été mise en examen pour "abus de confiance". Elle est soupçonnée d'avoir utilisé entre 2009 et 2016 des fonds européens afin de rémunérer sa cheffe de cabinet au FN Catherine Griset et son garde du corps Thierry Légier. Egalement mise en examen pour "complicité d'abus de confiance", elle est suspectée d'avoir "donné des instructions afin que des députés européens du Front national engagent en qualité d'assistants parlementaires des personnes occupant en réalité des emplois" au sein du parti, selon une source proche du dossier. Des faits qu'elle conteste avec "fermeté". "J'assume en revanche avoir durant la période concernée eu une activité politique et employé des assistants pour ce faire", a-t-elle affirmé dans sa déclaration.

Un système de prise en charge?

Selon elle, lorsque les assistants "n'étaient pas strictement occupés à des tâches parlementaires, ils pouvaient à la demande de leur député travailler pour le parti". "Le travail parlementaire ne se limite pas seulement au champ législatif car le député a principalement une activité politique", a résumé son avocat Rodolphe Bosselut. Sa défense a déposé dans la foulée des recours devant la cour d'appel de Paris, l'un pour demander la suspension de l'instruction, l'autre pour contester la validité de l'enquête. Le premier a été rejeté la semaine dernière selon une source judiciaire, le second doit être examiné. "J'attendrai l'arrêt de la chambre de l'instruction avant de répondre à vos questions sur le fond", avait-elle écrit aux juges. 

Les magistrats soupçonnent le parti d'extrême droite d'avoir mis en place un système pour faire prendre en charge la rémunération de ses permanents avec des fonds publics européens, pour un préjudice évalué à 5 millions d'euros selon le Parlement. Dix-sept eurodéputés ou ex-eurodéputés FN, dont Jean-Marie Le Pen, sont concernés par cette enquête, ouverte en 2015, qui porte sur au moins une quarantaine d'assistants. Outre la présidente du FN, une eurodéputée et deux assistants parlementaires ont déjà été mis en examen. Plusieurs eurodéputés du Modem et d'autres partis sont également visés par des enquêtes sur l'emploi d'assistants.

La défense de François Fillon avait déjà invoqué le principe constitutionnel de séparation des pouvoirs pour remettre en cause l'enquête sur les emplois fictifs présumés de sa femme à l'Assemblée nationale.

R.V. avec AFP