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Police-Justice

Après un accident mortel, un village picard doit trouver 300.000 euros 

La mairie et l'école de Laucourt (Somme).

La mairie et l'école de Laucourt (Somme). - APictche via Wikimedia Commons

En 2009, la commune de Laucourt, dans la Somme, avait eu recours à deux bénévoles pour réaliser des travaux d’élagage. Bilan: un mort, un blessé grave. La mairie, reconnue en partie responsable de l’accident, doit désormais dédommager la famille du défunt et se retrouve en grande difficulté financière.

Laucourt, une commune de la Somme d’à peine 200 habitants qui voulait économiser 10.000 euros d’élagage, se retrouve avec une ardoise d’au moins 300.000 euros.

La marche vers la ruine, racontée par le Courrier Picard, débute en 2009. La municipalité souhaite alors élaguer des arbres sur une place du village. Les travaux pourraient coûter plus de 10.000 euros, une somme importante pour cette commune au budget annuel d’environ 50.000 euros. Deux habitants de Laucourt proposent donc de réaliser les travaux bénévolement. La mairie accepte.

Deux procédures judiciaires contre le village

Les deux hommes se mettent au travail le 14 mars 2009. Mais "en fin de journée, la nacelle plie, les deux bénévoles chutent de 17 mètres", relate le Courrier Picard. L’un d’eux, Jean-Philippe Carlu, perd la vie, tandis que le second est grièvement blessé.

Deux procédures judiciaires sont lancées contre la commune. Dans la première, concernant la personne décédée, la commune a été reconnue en partie responsable de l’accident en février 2015, et devra verser 311.000 euros à la famille du défunt. La décision de la justice concernant le blessé grave n’est pas encore connue, mais pourrait aggraver encore la situation de la commune, si elle était de nouveau condamnée à dédommager la victime.

Les députés, sénateurs et maires sollicités

Pour faire face à ses obligations, Laucourt va devoir réduire ses dépenses et augmenter les impôts locaux. Mais ce sera loin d’être suffisant. La chambre régionale des comptes a été saisie afin de trouver une solution. Le conseil municipal a aussi lancé un appel aux dons auprès des députés et des sénateurs, qui peuvent financer des projets grâce à leur réserve parlementaire, mais aussi de l’Association des maires de France.

Désespéré par la situation, le maire Bruno Thérèse a démissionné mi-juin. "Certains ne se rendent pas compte de la merde dans laquelle nous sommes, et s’imaginent que les élus ne font rien", confie-t-il au Courrier Picard. "Ce manque de compréhension… je n’en pouvais plus".

Jamal El Hassani